Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 26.djvu/368

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« L’on sera peut-être surpris de voir paraître une quatrième édition de l’Antimachiavel, dans un temps si près des trois premières, qu’à peine auroit-il suffi à faire connaître un autre livre, dit le libraire d’Amsterdam Jacques La Caze, en son avertissement au lecteur…….

« La différence qu’il y a entre l’édition originale (celle de Voltaire) et les deux autres, est si considérable, que quiconque se donnera la peine de les comparer s’apercevra aisément qu’elles n’ont point été faites sur le même manuscrit. Ceux qui ont fait cette comparaison en ont été surpris, et ont été embarrassés, quand il s’est agi d’en rendre raison. D’où vient cette différence entre ces deux manuscrits ? Comment se peut-il que, venant de la même source, ils soient si différens ? Par quel hasard le manuscrit est-il tombé entre les mains du libraire de La Haye ? Pourquoi M. de Voltaire, qui s’était chargé d’en donner une édition, en a-t-il laissé tirer des copies, toujours différentes de l’original ? Ce n’est pas à moi à résoudre toutes ces difficultés. »

Résignons-nous à ce qu’elles ne soient jamais entièrement résolues ; et confrontons maintenant avec la morale du livre les actions de l’auteur, le Roi avec le Prince.


« Entre autres productions littéraires, dit Macaulay dans son admirable Essai sur Frédéric II, le prince avait écrit une réfutation de Machiavel ; Voltaire se chargea de la faire imprimer. Elle était intitulée l’Antimachiavel et consistait en une édifiante homélie contre la rapacité, la perfidie, le gouvernement arbitraire, les guerres injustes, en un mot contre presque tout ce qui rappelle maintenant aux hommes le nom de son auteur. »

La matière n’était pas neuve. Pour ne parler que de l’Allemagne, il y avait un siècle et demi qu’elle était pétrie à toutes mains. Outre la traduction allemande du livre d’Innocent Gentillet : Anti-Machiavellus, das ist Regentenkunst und Fürstenspiegel, Frédéric avait pu, il avait dû feuilleter les Dissertations de Barlaeus, le Thésaurus de Phil. Honorius, les Disquisitiones d’Isaac Schook, l’Examen brève de S. Pichler, le Schediasma de Feustking, les leçons ou discours de Ch. Weiss, le Politicus sceleratus impugnatus de Ch. Peller.

Tout cela, exercice d’école ; viande de pédant, remâchée de