Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 26.djvu/435

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quelques jours après, la division des croiseurs de l’École i de guerre, commandée par le contre-amiral Fournier, mouillait dans le lac et les navires évoluaient dans ces eaux intérieures.

En 1898, l’escadre de l’amiral Humann y entrait tout entière, les cuirassés dans le goulet, les croiseurs dans le lac.

Ce n’est pas sans difficulté que d’aussi gros bâtimens franchirent le canal, où trois causes perturbatrices contrariaient la navigation : la houle, le courant, les remous ou tourbillons.

Le premier projet, terminé en 1895, ne prévoyait point de brise-lames pour couvrir le débouquement du canal vers le large. On croyait que la houle de l’Est, entrant par la passe de 420 mètres, qui séparait les musoirs des jetées convergentes, s’épanouirait dans l’avant-port, pour aller mourir à la plage, Pure illusion ; quand la houle soulevée par le vent de Nord-Est (direction de l’axe du canal) rencontrait la marée descendante, elle remontait le canal jusqu’au goulet, rendant très précaire le mouillage de l’avant-port.


Passons aux courans. Le lac et la mer, vases communicans, se déversent l’un dans l’autre, suivant la hauteur de leurs niveaux respectifs, hauteur soumise à deux forces, le vent et la marée, avec prépondérance pour le vent, qui détermine des courans très variables (3 à 4 nœuds), parfois de même sens pendant trente-six heures.

Enfin, les remous ou tourbillons, si gênans pour les cuirassés, provenaient de l’asymétrie des berges. On avait fait le nécessaire pour obtenir ce médiocre résultat. Des perrés inclinés à 30° bordaient toute la rive Sud ; au Nord, des perrés verticaux soutenaient le quai de la gare ; vers le milieu, une vaste échancrure servait de garage au matériel flottant ; enfin, des perrés inclinés à 30° couraient jusqu’à la sortie. Des améliorations s’imposaient. Il importait de supprimer tout aléa, de rendre de jour et de nuit l’accès de Bizerte facile et sûr et de prévoir tout incident de nature à immobiliser une escadre, dedans ou dehors. Consulté sur cette importante question, le Conseil des Travaux de la marine vota (16 mai 1899) des conclusions qui exercèrent une influence décisive sur les destinées de notre arsenal tunisien :

Etablir à l’entrée deux passes praticables en tout temps