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par l’Angleterre dans ses rapports avec ses « dépendances extérieures. » Et pareillement encore le ministère anglais, au dire du noble lord, s’est montré bien avisé tout ensemble et dans le choix qu’il a fait du nouveau Sultan égyptien et dans la manière dont il a tenu à « se conserver les mains libres, pour le cas où l’avenir l’obligerait à modifier l’ordre de succession du Sultanat. » Le point essentiel est seulement que les représentans du pouvoir anglais en Égypte ne perdent jamais de vue l’obligation, pour eux, de se faire aimer du peuple égyptien, en assurant à celui-ci cette réduction de ses « taxes » anciennes qui constitue, à ses yeux, un bienfait d’infiniment plus de prix que toutes les chimères de ses « nationalistes. » Que l’on n’aille point, par exemple, s’aviser de grever le budget égyptien sous prétexte de développer l’éducation nationale ! Non seulement lord Cromer ne croit pas que « jamais aucune éducation octroyée dans des écoles ou des collèges puisse transformer suffisamment le caractère national des Égyptiens pour les rendre capables d’exercer dans leur pays une autonomie complète et durable : » il estime en outre que, même parmi nos races occidentales, l’on se tromperait à faire trop de cas de l’éducation « octroyée dans les écoles, » pour ce qui est de la formation ou du développement du véritable « caractère national. » Certes, nous dit-il, la « culture » allemande a la prétention d’occuper un haut rang, entre toutes celles dont on a coutume d’imprégner le cerveau des jeunes générations ; et cependant il ne semble pas que cette « culture » elle-même « ait produit beaucoup d’effet, ou en tout cas beaucoup de bon effet, sur le caractère national de la race allemande ! »


T. DE WYZEWA.