Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 26.djvu/497

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son ordre, le chancelier n’a pas hésité alors à recourir à des mesures financières extraordinaires qui ne sont employées nulle part en temps de paix.

En 1905, le service de deux ans, déjà mis à l’essai, était institué définitivement dans les troupes à pied, et l’effectif montait à 505 000 hommes. En 1911, la loi du quinquennat militaire ne prévoyait encore jusqu’en 1915 qu’un faible accroissement numérique, de 10 000 hommes, mais elle se préoccupait d’introduire d’importantes améliorations techniques (mitrailleuses, artillerie à pied, troupes de communication). En 1912, nouvelle loi militaire, présentée alors que l’exécution de la dernière était à peine commencée. L’opinion publique restait émue des événemens de l’été précédent et des suites de l’incident d’Agadir. Aussi la loi nouvelle, profitant de cette poussée patriotique, réalisait-elle immédiatement, en les complétant, les mesures prévues par la loi de 1911. Elle créait deux corps d’armée nouveaux, l’un à la frontière occidentale, l’autre sur celle de l’Est, et portait l’effectif de paix à 544 000 hommes.

Le caractère des lois de 1911 et 1912 est différent de celui des lois antérieures. Il consiste surtout dans le développement de la qualité de l’armée. Elles tendaient toutes deux à en faire un instrument de combat plus pratique, plus immédiatement utilisable, en vue des premières opérations à exécuter.

On aurait pu croire qu’après des progrès aussi marqués, l’administration de la Guerre se serait reposée. Il n’en fut rien. Dès la fin de 1912, à l’occasion des premières victoires de la ligue balkanique, un mouvement d’opinion, très encouragé par le gouvernement impérial, se dessinait pour réclamer des renforcemens qui combleraient des lacunes encore existantes. Le Wehrverein se signalait par sa propagande effrénée en faveur de nouveaux arméniens. Une campagne de presse était organisée. L’Empereur donnait de sa personne et proclamait à Konigsberg la nécessité d’appliquer intégralement le principe du service obligatoire. Le chancelier, marchant sur les pas de son maître, déclarait en février, à la réunion annuelle des agriculteurs, que le pays devait se préparer à de nouvelles charges militaires.

Le projet de loi, annoncé par les bouches officielles, fut enfin déposé le 18 mars sur le bureau du Reichstag. Il fixait