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si l’abondance de la main-d’œuvre permet d’organiser des industries dans de bonnes conditions, l’amélioration du sort des ouvriers, qui résulte de l’ouverture de fabriques nouvelles, fait d’eux des consommateurs de plus en plus importans. Le commerce extérieur d’un empire aussi vaste ne s’élève encore qu’à un chiffre insignifiant : à mesure qu’il produira sur son territoire des objets susceptibles d’être exportés, il augmentera ses importations, et la demande d’objets sur les marchés européens croîtra parallèlement à l’offre qui pourra y être faite de marchandises chinoises et japonaises. En cherchant, dans un dernier chapitre, à prévoir l’avenir, l’auteur pense qu’une fois mise en contact avec le monde occidental, le bon sens pratique de la Chine l’amènera peut-être à s’en assimiler la civilisation. Il est vrai qu’en l’an de grâce 1915, une civilisation, qui se présenterait sous les espèces d’une guerre comme celle que mène l’Allemagne, ferait peut-être hésiter les paisibles habitans de l’Empire du Milieu.

Après l’Afrique et l’Asie, Pierre Leroy-Beaulieu voulut connaître l’Amérique. Il résuma ses voyages à travers cet autre continent dans le volume intitulé : Les Etats-Unis au XXe siècle, qui parut en 1904 et eut quatre éditions successives, dont la dernière remonte à 1909. Comme les précédens, il a été traduit en plusieurs langues étrangères. Dans la préface, écrite au moment où l’Exposition de Saint-Louis célébrait le centenaire de l’annexion de la Louisiane, l’auteur soulignait l’importance qu’avait eue cet événement pour la République fédérale, qui se trouvait ainsi, au début du XIXe siècle, débarrassée de tout voisinage inquiétant et pouvait dès lors se lancer dans la voie du développement économique, sans avoir à se préoccuper d’entretenir une armée : ni le Canada au Nord, ni le Mexique au Sud, ne constituent à ce point de vue une menace pour le gouvernement de Washington. Riverains du Pacifique, les Etats-Unis vont, après l’ouverture du canal de Panama, accentuer leur politique du côté de cet Océan, où ils possèdent les Philippines, l’archipel d’Hawaï et une partie des îles Samoa. Depuis longtemps premier pays agricole du monde, ils en sont devenus aussi le premier pays industriel.

En dressant l’inventaire de leurs forces et de leurs ressources, Pierre Leroy-Beaulieu concluait qu’aucun pays neuf ne peut prétendre à un développement comparable à celui des