Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 26.djvu/566

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

accusations portées par ses adversaires, mais il n’empêcha pas la Chambre de voter l’enquête. Quelques jours plus tard, le 2 juillet, il attaqua l’élection d’un collègue qui lui paraissait entachée de fraude : il déploya ce jour-là un véritable courage : car, ainsi qu’il le disait, ce n’était pas augmenter ses chances de validation que de contester les titres d’un membre de la majorité. La Chambre l’entendit encore deux fois dans cette session : en décembre 1906, à propos d’un amendement déposé par lui, qui tendait à faire rétablir le chiffre primitif du gouvernement pour l’évaluation des propriétés non bâties, il insista sur la nécessité d’alléger le poids de l’impôt foncier. C’est ainsi que, dès ses débuts, nous le voyons entrer dans la. voie où il devait exercer son action.

Renvoyé au Parlement par une majorité plus forte que la première fois, Pierre Leroy-Beau lieu se fit, le 7 juin 1907, l’interprète des revendications du Midi, qui souffrait alors cruellement de la mévente des vins. Il intervint à plusieurs reprises, en 1907 et en 1908, à propos du projet d’impôt sur le revenu présenté par M. Caillaux. Le 17 février 1908, il combat l’impôt complémentaire, convaincu qu’il y a un danger considérable à créer une machine fiscale qui, par des tours de vis successifs, arriverait à surcharger d’une façon intolérable les revenus un peu importans : il est décevant de laisser croire à la démocratie qu’on peut réaliser les réformes destinées à améliorer le sort du plus grand nombre en puisant seulement dans la poche de quelques-uns.

Le 1er février 1909, à propos du même impôt, il s’élève contre la disposition qui prétendait confondre les revenus du mari et de la femme, pour en faire un revenu unique, alors qu’en cas de décès de l’un des conjoints, les droits de succession frappent la fortune laissée par l’autre. L’article proposé, disait-il en termes énergiques, est un impôt sur le mariage, sur la famille, une prime au divorce, au concubinage. Le 9 février, il s’élève contre l’inquisition fiscale et certaines dispositions qu’il juge de nature à porter le plus grand préjudice aux banques françaises. Il n’était que trop bon prophète. On sait combien ces menaces ont fait émigrer de capitaux. Le 16 février, alors qu’il poursuivait sa critique de plusieurs dispositions du même projet, il répondit à une interruption que lui adressait le rapporteur : « Enfant terrible, vous n’êtes pas d’accord avec