Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 26.djvu/576

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’exécuter cette clause du traité quand il mourut (1571).

Il eut pour successeur Etienne Batory, celui qui avait disputé à son père, Jean Szapolya, la couronne élective de Hongrie. Batory obtint peu après une autre couronne élective, celle de Pologne, et on n’ignore pas qu’il sut glorieusement la porter. Quatre fois, de 1571 à 1601, les suffrages de l’oligarchie transylvaine se portèrent sur des membres de cette famille. Ce fut pendant la période où ils se succédèrent que les divisions religieuses vinrent s’ajouter aux périls que ses deux puissans voisins et son régime électif faisaient courir à la Transylvanie. Après l’abdication de Sigismond Batory (1601), elle fut occupée par les Impériaux dont le général Basta a laissé dans le pays, par les exactions et ses barbaries, un ineffaçable souvenir. Les ressentimens provoqués par son administration et par les persécutions des protestans suscitèrent une insurrection dont un magnat transylvain, Etienne Bocskay, se fit le chef. Cette insurrection fut victorieuse et força l’empereur Rodolphe II à conclure la pacification de Vienne (23 juin 1606). L’Empereur cédait la Transylvanie à Et. Bocskay, reconnaissait aux luthériens et aux calvinistes le droit de rester dans le pays et d’y exercer librement leur culte et prenait l’engagement de respecter les lois et les privilèges communs aux Transylvains et aux Hongrois. Parmi les dispositions d’une constitution à laquelle les patriotes attribuaient une origine plus ancienne que celle de la Constitution anglaise elle-même, le traité de Vienne confirmait celle qui réservait exclusivement les charges aux nationaux, il consacrait les franchises des villes et le droit d’élire le Palatin, c’est-à-dire le grand officier qui était, en vertu de sa charge, le général de toutes les armées, le médiateur entre le Roi et la nation, le pacificateur des troubles. Et. Bocskay mourut l’année même où il avait arraché à l’Empereur la reconnaissance des droits de la principauté. Sigismond Rakoczy, Gabriel Batory et Gabriel Belhlen lui succédèrent à bref intervalle (1606-1613). L’avènement de Ferdinand II, les alarmes que les protestans avaient de bonnes raisons pour en concevoir, jetèrent Gabriel Bethlen dans la grande lutte trentenaire qui devait changer l’équilibre et la face de l’Europe. La situation de l’Empereur était trop critique pour que le prince de Transylvanie, si dévoué à ses coreligionnaires, ne fût pas tenté de faire cause commune avec les Bohémiens. La Diète de