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parfaitement contre les Turcs, pour lesquels ils n’éprouvent, depuis longtemps, que de fort médiocres sympathies. Il n’est d’ailleurs pas interdit de prendre certaines précautions. Peut-être, si l’on occupait Constantinople, serait-il prudent de n’y point employer des troupes mahométanes.


Un mot, avant de terminer cette étude préliminaire, des opérations purement navales qui ne font guère que commencer au moment où j’écris, puisque les escadres n’ont pas encore abordé l’étranglement coudé de Nagarat-Tchanak où s’accumulent les obstacles de tout genre qu’elles ont à vaincre.

De ces opérations, il est inutile de donner ici le détail. Les publications quotidiennes, disent tout ce que l’on juge à propos de faire connaître aux lecteurs français. Commentons seulement certains procédés intéressant d’attaque des ouvrages à terre qui ont été mis en œuvre par les navires de la flotte combinée.

Et d’abord, le bombardement des forts extérieurs, — Seddul Bahr et Koum Kalessi, — a été effectué en deux temps. Sachant que la portée des grosses pièces des vaisseaux était nettement supérieure à celle des plus forts canons de ces ouvrages, l’assaillant s’est placé, au début de l’opération, à urne distance telle que les projectiles de la défense ne pouvaient l’atteindre, tandis que les siens arrivaient au but avec une justesse encore très suffisante et poussaient très loin l’œuvre de destruction. Quand il a paru aux observateurs placés soit sur les bâtimens eux-mêmes, soit dans les hydravions, — ceux-ci ont rendu de très grands services, — que les canons de gros calibre turcs étaient définitivement réduits au silence, certains cuirassés désignés se sont rapprochés jusqu’à bonne portée de leur artillerie moyenne à tir rapide et ont fait pleuvoir sur les défenseurs leurs obus de 152, de 138, de 100 et de 76 millimètres. Le résultat de cette judicieuse méthode a été que les ouvrages attaqués furent réduits sans qu’il en ait coûté aux alliés, plus que des pertes insignifiantes.

Mais, j’y insiste, il ne s’agissait là que des forts extérieurs. Les escadres avaient par conséquent du champ et choisissaient leurs distances. On peut encore en user ainsi à l’égard des forts et des batteries placés dans le vestibule du détroit, en avant du goulet de Tchanak, vers la pointe Kephès, par exemple. Mais,