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fer-blanc, les seaux et arrosoirs, les chemins de fer mécaniques, voitures, tramways, bateaux, pompes, toupies, fourneaux, etc. L’usine grandit d’année en année, brassant d’énormes affaires et suffisant à peine aux commandes ; mais, lorsque le fondateur mourut, dix fois millionnaire, en souvenir des camelots qui, par la vente du cri-cri sur la voie publique, avaient été les premiers artisans de sa fortune, il ordonna par testament qu’ils seraient toujours servis chez lui, pendant la période des étrennes, de préférence à tous les gros acheteurs.

Et si cette maison, la première aujourd’hui par son importance bien qu’elle ait été fondée presque sans argent, ne suffisait pas à démontrer combien est secondaire le chiffre de la mise initiale, l’histoire du jouet en métal depuis le début du XXe siècle nous fournirait un autre exemple aussi édifiant : celui d’une affaire au capital de 3 millions avec quatre usines qui, après avoir marché peu d’années, arrivée à deux doigts d’un désastre, passait la main avec 80 pour 100 de perte. Encore le nouvel acquéreur, — société française poussée à conclure par le désir d’écarter un concurrent allemand qui guettait cette proie, — n’eut-il pas lieu tout d’abord de se féliciter de son marché, puisque au bout du premier exercice son bénéfice net n’atteignait pas l’intérêt à 5 pour 100 des sommes engagées.

La matière du jouet en métal, c’est le fer-blanc, auprès de -qui les autres substances employées : aluminium, cuivre, plomb antimonieux, vernis et couleurs, sont de peu d’importance. Ce fer-blanc, généralement importé d’Angleterre, y coûte 27 francs les 100 kilos, plus 13 francs de douane. En Allemagne, le droit d’entrée n’est que de 4 francs et, pour les jouets exportés, il est remboursé à la sortie ; tandis qu’en France, où ce drawback n’existe pas, les fabricans supportent de ce chef, vis-à-vis des Allemands, une surcharge de 13 francs par quintal sur le marché international. Or, telle grande usine, comme celle du « Jouet de Paris, » transforme annuellement 800 quintaux de ces minces feuilles étamées que les ouvriers en chambre d’autrefois se procuraient en recueillant les vieilles boîtes de conserves, aplaties et dépouillées de leurs soudures et de leurs matières grasses par un passage au four.

Ces économies laborieuses sur la matière semblent vaines et un peu naïves aujourd’hui, dans une industrie dont la réduction des frais de main-d’œuvre est la préoccupation dominante. Pour