Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 27.djvu/800

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

été emprunté 408 et dépensé au titre extraordinaire 360 millions, il en est résulté une augmentation de l’encaisse du Trésor de 75 millions (48 plus 27). Si, aux dépenses dites de guerre, on ajoute le budget ordinaire de l’armée et de la flotte, 80 millions, on voit que le total des dépenses militaires au 31 mars 1915 a été, pour l’année, de 440 millions.

On peut se faire une idée de la solidité du crédit anglais en constatant qu’au mois de février 1915, des Bons du Trésor à un an d’échéance ont été placés à 2 13/16 et des Bons à, six mois à 1 5/8 pour 100. Ce sont là des taux qui, même en temps de paix, seraient considérés comme très bas. Cette facilité avec laquelle le Gouvernement britannique se procure des fonds s’explique à la fois par sa politique financière et la situation du marché. Rien n’est plus rassurant que l’examen de ce dernier. Le stock d’or de la Banque d’Angleterre a doublé depuis le début des hostilités. En dehors du métal qui lui appartient en propre, elle en détient des quantités considérables pour compte du Gouvernement anglais, qui l’a immobilisé comme couverture des billets d’Etat, du Gouvernement indien, du Gouvernement égyptien et d’autres encore. Les émissions de titres faites en 1914 à Londres ont atteint un chiffre sans précédent, 531 millions de livres, contre 248 en 1913 et 131 en 1907. Là-dessus, 375 millions ont été souscrits en fonds anglais, sans parler de 77 millions de Bons du Trésor ; 86 millions ont été fournis à l’Inde et aux colonies ; 70 millions à divers pays étrangers. À ces deux derniers chiffres, il convient d’ajouter les sommes avancées par le Trésor au Canada, à l’Australie, à la Nouvelle-Zélande, à l’Union sud-africaine, à la Russie, à la Belgique, à la Serbie : elles portent à 214 millions le total des fonds fournis par le Royaume-Uni à l’Inde, à ses colonies et aux pays étrangers. La Grande-Bretagne n’a donc pas seulement fait face aux dépenses de la guerre la plus coûteuse qu’elle ait jamais soutenue ; elle est encore venue en aide, de la façon la plus large, aux diverses parties de son empire et à ses alliés. Aussi le chancelier de l’Echiquier, en présentant le budget à la Chambre des Communes, le 4 mai 1915, a-t-il pu dire, non sans fierté, que l’Angleterre, exactement comme pendant la période napoléonienne, continuerait à prendre la charge des finances de ceux de ses alliés qui auraient besoin de son appui. Elle n’a pas craint pour cela d’emprunter avec la même énergie qu’elle