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qui leur est actuellement imposée ; de 2 000 à 5 000 roubles de revenu, le taux est de 25 roubles ; de 5 000 à 10 000, 50 roubles ; à partir de 10 000 roubles de revenu, 100 roubles. Il ne s’agit, on le voit, que d’un impôt extrêmement modéré.

En dehors de ces augmentations d’impôts existans, la Russie songe à se procurer des ressources nouvelles en constituant divers monopoles : cinq d’entre eux paraissent être plus spécialement à l’étude :

1° Monopole des allumettes. Le produit de l’impôt actuel, depuis que le décret d’octobre 1914 a doublé le droit d’accise, est prévu pour 43 millions de roubles au budget de 1915. On escompte une augmentation de 25 millions ;

2° Monopole du thé, dont la consommation est universelle en Russie. On en espère 244 millions, alors que la taxe existante n’en donne que 70 ;

3° Monopole du tabac, auquel il sera facile de demander un produit bien supérieur à la centaine de millions inscrite au budget de 1915 du chef des droits actuels ;

4° Monopole du naphte. Le droit sur les huiles minérales est porté pour 62 millions au budget de 1915. Ici aussi on escompte une augmentation importante ;

5° Monopole des assurances, dont le produit n’est pas encore calculé.

Les recettes du budget ordinaire de 1915 ont été évaluées à 3 080 millions de roubles, c’est-à-dire à 492 millions, ou 13 pour 100 de moins que les estimations de 1914. Dans ce chiffre est compris un demi-milliard de roubles provenant des impôts nouveaux. En réalité, la diminution des recettes est donc d’un milliard : elle est due à la suppression de la vente de l’alcool, au fléchissement des rentrées douanières (37 pour 100 de moins qu’en 1914) et du produit d’autres impôts indirects. Les prévisions du monopole de l’alcool ne représentent plus que 5 pour 100 des recettes ordinaires, alors qu’elles figuraient pour 26 pour 100 dans le budget de 1914. Cette modification devait d’autant plus se faire sentir dans le budget que les recettes de l’alcool y avaient, de temps immémorial, tenu une place considérable, devenue encore plus importante dans les derniers temps. Depuis 350 ans, à compter du milieu du XVIe siècle, l’impôt sur l’eau-de-vie n’a pas cessé d’être perçu sous forme de monopole, d’accise ou de ferme.