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la Colombie, racheter le chemin de fer de Panama, et commencer des travaux de percement, c’est qu’ils estiment tous ces efforts voués à l’échec ; leurs spécialistes ont conclu, en effet, au tracé par Nicaragua ; les déboires de la Compagnie de Ferdinand de Lesseps semblent d’abord leur donner raison. Mais des études plus précises démontrent la supériorité du tracé français ; bientôt, le traité Hay-Pauncefote, substitué au traité Clayton-Bulwer, assure le désintéressement de l’Angleterre ; des négociations sont poursuivies pour le rachat des droits français et, comme la Colombie hésite à entrer dans la combinaison, une opportune sécession crée la République de Panama, dont le premier soin est d’accéder à toutes les demandes des Yankees (1900-1904).

Pendant deux ans, on discute sur les plans définitifs du canal ; les travaux reçoivent enfin l’impulsion décisive en 1907, lorsque les chantiers sont militarisés sous l’admirable direction du colonel Gœthals et du médecin en chef Gorgas ; ils n’ont pas été interrompus depuis et, dès le milieu de 1914, des navires passaient d’une mer à l’autre. D’après leurs conventions avec la République de Panama, les Etats-Unis ont le domaine utile du canal et d’une bande de cinq milles de part et d’autre, mais les villes de Colon et Panama sont exclues de ce territoire ; les maîtres du canal ont seulement le droit d’y prescrire les améliorations sanitaires qu’ils jugent opportunes ; il leur est loisible de fortifier le canal et ses approches. On voit, par cette dernière clause, quelle importance militaire les Etats-Unis attachent au nouveau passage isthmique ; il permet à leur flotte de guerre de se multiplier par sa mobilité, entre l’Atlantique et le Pacifique. La possession du canal les a rendus plus exigeans dans leur politique centre-américaine, car il est capital pour eux que les routes d’approche en soient toujours libres ; les voies maritimes d’accès seront jalonnées de stations navales, sur l’un et l’autre Océan ; la voie terrestre, qui traverse le Mexique et les républiques isthmiques ne sera pas moins surveillée. Et voilà le théâtre sur lequel, agrandissement de la doctrine de Monroe, va maintenant s’exercer la diplomatie du dollar.


Ce nom serait, dit-on, d’origine allemande ; il dit très expressivement quel va être désormais le rôle de la finance dans la politique des États-Unis. La doctrine de Drago n’édicte,