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lui observés par les fondateurs de villes dans le Latium et l’Etrurie. D’abord il offre un sacrifice, puis il allume un feu de broussailles, et, après lui, chacun de ses compagnons saute par-dessus la flamme pour se purifier de toute souillure. Ensuite il creuse une petite fosse circulaire, y jette une motte de terre apportée d’Albe, et ses associés jettent une motte de terre apportée de leurs pays respectifs ; on remue le tout, pour symboliser l’union de leurs destins dans une nouvelle patrie. La fosse une fois comblée, le chef y installe un autel, où il allume un feu ; voilà le foyer de la Cité, que quatre vestales doivent entretenir nuit et jour, sous peine de sacrilège. Autour du foyer s’élèvera la ville. Saisissant une charrue que traînent un taureau blanc et une génisse blanche, Romulus, en costume de pontife, la tête voilée, chantant des prières et suivi de ses compagnons, trace le sillon qui doit déterminer l’enceinte, sillon inviolable, sacré, comme les murailles qui vont s’élever en arrière de l’enceinte. Et, de distance en distance, Romulus soulève le soc pendant quelques pas ; là surgiront les portes de la ville.

L’hymne Spartiate : « Nous sommes ce que vous fûtes, nous serons ce que vous êtes, » réfléchit dans sa simplicité concise toute l’histoire d’un passé glorieux, l’ardente espérance d’un avenir égal ou supérieur au passé, l’évangile intégral du patriotisme. Et l’âme héroïque de nos soldats ne rejoint-elle pas, à travers les siècles, celle des éphèbes athéniens auxquels on imposait ce serment dans le temple d’Agraudos ? « Je ne déshonorerai pas ces armes sacrées. Je ne déshonorerai pas mon chef de file et mon rang. Je combattrai pour les autels et les foyers, soit seul, soit avec d’autres. Je ne laisserai pas la patrie plus faible que je ne l’ai reçue, mais plus grande et plus forte. J’obéirai à ceux qui jugeront selon la justice. Je serai soumis aux lois établies, et à celles que le peuple portera d’un consentement unanime. Je ne permettrai pas que personne renverse les lois ou leur désobéisse, mais je les défendrai, soit seul, soit avec d’autres. Et j’honorerai la religion de mes pères. Soient témoins les dieux champêtres, Enyalios, Zeus, Thallô, Auxô, Hégémoné. »

Eschyle, dans Les Perses, cite le cantique sacré des Grecs, — ce qu’on pourrait appeler leur « Marseillaise, » — qu’ils chantaient à la bataille de Salamine : « Allez, enfans de la