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Lyon, à Mattiacum, etc. Tous les municipes possèdent thermes, théâtres, amphithéâtres, places publiques ornées de temples et de portiques, Capitules bâtis sur une hauteur, presque toujours couronnés de temples consacrés à Jupiter, à Junon et à Minerve.

Le médecin Crinas consacre plusieurs millions de sesterces à Marseille, sa ville natale ; les deux frères Stertinius se ruinent en superbes monumens dont ils dotent la ville de Naples. Quadratus rajeunit la ville de Pergame, qui tombait de vétusté, Nicétès établit à Smyrne des rues spacieuses ; Damien joint le temple de Diane à la ville d’Ephèse au moyen d’une halle couverte de la longueur d’un stade (589 pieds), afin de permettre aux dévots de se rendre à ce temple même par la pluie. Le fameux Hérode Atticus (101-177) éclipse tous ses prédécesseurs par des dons magnifiques qu’il répand sur l’Attique, sa patrie, et sur toute la Grèce, comme s’il était né dans chacune des cités de l’Hellade.

Pour subvenir à tant de dépenses, les hommes et les femmes portés à des offices honorifiques, à des sacerdoces, aux dignités municipales, paient à la caisse municipale des droits d’entrée en charge, qui aident à combler les déficits des budgets locaux ; ainsi on verse 10 000 sesterces (2 718 fr. 75) pour l’admission au duumvirat de Pompéi, 4 000 sesterces pour l’office de prêtre flamme à Lambessa : mais la mode veut qu’à ce minimum de tarif s’ajoutent des accessoires, souvent plus coûteux que le principal, spectacles, repas offerts au peuple, monumens. Une patricienne, élue prêtresse flamine à vie dans une ville de Numidie, a promis 400 000 sesterces pour la construction d’un théâtre ; T. Flavius Justin, à Porto-Torrès (Sardaigne), paie 35 000 sesterces son élection, fait aménager à ses frais un bassin avec les conduites d’eau. Inscriptions sur les édifices dus à ces générosités que la foule ne se contentait pas d’espérer, qu’elle exigeait parfois, sièges d’honneur, couronnes civiques, statues, ces témoignages de la reconnaissance publique sont ardemment brigués par les citoyens aisés qu’animé le désir de porter leurs noms à la postérité. Les villes ayant reçu de Nerva la permission d’accepter des legs, l’usage de ces dons ne tarda pas à se généraliser, et beaucoup de testateurs imposèrent à leurs héritiers l’obligation de construire pour leur cité des thermes, un théâtre ou un stade. De dire maintenant que ces bienfaits étaient toujours purs de mobiles intéressés, que