Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 28.djvu/233

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Les opérations militaires se poursuivent sur notre front avec une grande énergie. Ce ne serait pas nous honorer nous-mêmes que de ne pas rendre justice au courage, à la ténacité, à l’acharnement de nos adversaires ; ils luttent pied à pied sur un sol où, après avoir improvisé de nombreuses forteresses, ils les ont mises en communication les unes avec les autres par des boyaux fortifiés eux-mêmes, qui présentent un fouillis presque inextricable. Le nom de Labyrinthe a été donné à un de ces ouvrages d’art, merveilleusement disposés pour une longue résistance. Il a fallu conquérir la place tranchée par tranchée, rue par rue, maison par maison : nous y avons réussi. L’histoire militaire présente quelques faits d’armes du même genre, mais elle n’en présente pas beaucoup d’aussi honorables. Sur le reste du front, nos progrès n’ont pas été décisifs, mais ils ont été constans. Nous n’avons faibli nulle part et nous avons avancé sur plus d’un point. La lutte gigantesque se poursuit à notre avantage, et plus d’un symptôme permet de croire que la situation s’améliorera encore dans un avenir prochain.

Au nombre et au premier rang de ces symptômes, apparaît le surcroît d’énergie que montre en ce moment le gouvernement britannique. Nous n’entendons pas dire par-là que cette énergie n’ait pas toujours été très grande, mais elle n’a pas toujours été aussi bien ordonnée : pourquoi n’avouerions-nous pas que les moyens d’action lui ont quelquefois manqué, puisque l’Angleterre le reconnaît elle-même et annonce l’intention de réparer le mal ? Sa volonté se manifeste dans la création d’un ministère des munitions. L’Allemagne a été plus prévoyante que nous. Sachant par avance quel genre de guerre elle voulait nous faire, elle s’y est préparée. Cette guerre devait être une guerre de masses : masses d’hommes et masses d’obus. Les masses d’hommes n’ont pas toujours bien réussi ; le plus souvent