Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 28.djvu/330

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il est notamment autorisé à recourir à tous moyens extraordinaires pour alimenter le Trésor. C’est en vertu de ces pouvoirs illimités qu’il a, en juin 1915, émis un nouvel emprunt 4 1/2 pour 100 au taux de 95, c’est-à-dire a deux points au-dessous du prix d’émission de l’emprunt de janvier 1915. Les porteurs de titres du premier emprunt peuvent obtenir ceux du second, en quantité égale, au cours de 93, ce qui établira pour eux le prix de revient de l’ensemble à 95 pour 100. On a signalé un grand empressement à souscrire de la petite épargne et des Italiens établis à l’étranger. Depuis longtemps, un mouvement régulier tendait à ramener à l’intérieur des frontières les titres représentatifs de la fortune mobilière indigène. C’était un signe infaillible de l’amélioration du crédit public : les nationaux sont les meilleurs juges de la solvabilité de l’État, et l’apport de leurs capitaux aux guichets du Trésor est la démonstration de la confiance qu’ils ont dans sa signature.


VI. — CONCLUSION

L’Italie est une des nations les plus fortes du monde moderne, grâce à la vigueur et à l’intelligence des individus qui la composent. Elle est une de celles dont l’autorité morale est la plus grande, grâce au respect du droit qu’elle a toujours professé. Il semble que l’énergie de la Rome antique se retrouve chez les chefs du pays, princes régnans et ministres, et se communique au peuple tout entier. Le calme qu’ils ont conservé à travers les péripéties de la crise, jusqu’à ce que les armées et les flottes soient venues se ranger aux côtés de celles qui luttent pour le droit et pour la civilisation, attestent que les derniers venus parmi nos alliés ne seront ni moins résolus ni moins persévérans que les autres.

Ce que nous avons dit du budget, des banques, de l’agriculture, de l’industrie, du commerce, montre que la résistance économique du royaume sera à la hauteur de la tâche qui lui incombe. Certes, il devra envisager une augmentation notable de ses charges. Néanmoins, il entre en lice, après que la France, la Russie, l’Angleterre, la Belgique, la Serbie, le Monténégro, ont déjà dépensé une cinquantaine de milliards. Peut-être son intervention aura-t-elle pour effet d’abréger le conflit, et la