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cette malheureuse affaire. Elle aura, quoi qu’on fasse, une marche lente, mais précise ; les suites en sont marquées du doigt de la nécessité ; ces suites seront, j’en suis persuadé, une détention plus ou moins longue, un discrédit qui ne s’effacera jamais et des victimes secondaires à soulager. Commencez donc avec courage votre rôle de consolatrice. Adieu, croyez à ma sincère amitié. — R. Coze (l’ami du Procureur du Roi).


Mme de Franqueville à sa sœur.

Strasbourg, le 4 novembre.

J’ai reçu une lettre de M. Vieillard[1] pour le Prince, elle lui sera remise ainsi que la lettre que M. Vieillard m’écrit… Mon mari pense que la vie du Prince n’est pas compromise. L’ordre de juger l’affaire ici par la Cour d’assises est arrivé. On dit que le Procureur général réclame là contre. M. de Persigny est perdu si l’on s’en empare, toute la police est sur pied pour le découvrir. Rassure la Reine, surtout, sur l’existence de son fils ; calme-toi aussi ; l’opinion générale, les gens les plus instruits des dispositions à Paris en haut lieu sont convaincus qu’il ne court aucun danger : — une détention. — Laure.


Kehl, samedi, 5 novembre.

La nécessité de l’aire une déclaration m’embarrasse un peu ; je la signai Maine Jalaber. Ringne, qui me regardait faire, avait probablement remarqué mon hésitation et s’étonnait beaucoup de me voir tant écrire… En revenant de la diligence, elle me dit qu’il fallait donner son vrai nom, sans quoi l’aubergiste était répréhensible. Je lui dis que, le lendemain je m’occuperais de cela ; qu’elle devait, dès le matin, m’aller chercher un médecin qui parlât français et que ce serait lui que je chargerais de me déclarer à la police… Me sentant tout à fait malade, je ne me levai pas le dimanche 6. J’envoyai un paysan chercher mes effets à Strasbourg et Ringne me chercher un médecin. Je l’attendais lorsque je vois entrer mon pauvre père dans ma

  1. Un des précepteurs du Prince.