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investigations. Le bruit court qu’Alphonse est mis en non-activité par retrait d’emploi. Si cela était vrai, quel crève-cœur pour nous, une carrière perdue ! Résignée à ce qui n’aura rapport qu’à nous, je ne puis prendre mon parti de ce qui arrive à nos amis par l’idée que, bien innocemment peut-être, nous sommes pour quelque chose dans leur disgrâce. Si le général et Alphonse ne nous avaient pas connus, ils ne seraient pas compromis. Notre course à Offenbourg, mon voyage à Arenenberg et les bruits publics à Strasbourg, tout calomnieux qu’ils sont, absolvent à mes yeux tout ce qu’il plaira au gouvernement de faire contre nous… Tous ces nouveaux déboires f’ont que les pieds brûlent à mon mari ici. Il part mardi pour Paris où j’irai le rejoindre le mois prochain. J’ai vu hier le général Bücher, qui a été envoyé en toute hâte, comme si le feu y était, pour remplacer le général Voirol. Il était employé au Comité d’infanterie à Paris, et ce déplacement, dont il ignore entièrement le motif, l’a beaucoup contrarié. On ne lui a même pas laissé le temps de prendre congé du Roi, ce qui nous a fait penser qu’on a surpris sa religion et que tout ceci est la suite d’intrigues autour des ministres… L’acquittement des accusés, qui porte un coup terrible à la discipline militaire, fait que le gouvernement use de tous les moyens de rigueur et de répression en son pouvoir pour la raffermir. On comprend cette sévérité qu’il n’aurait pas déployée probablement si les coupables avaient été punis. Je reçois à l’instant une lettre d’Alphonse, qui n’a pas été bien reçu à Paris. Son colonel, qui est un mauvais homme, l’a traîtreusement desservi ; il se trouve dans le cas de changer de corps, mais non pas par retrait d’emploi. Ceci me soulage un peu. Mais il a dit qu’il est impossible d’imaginer tout ce que l’on dit contre le général Voirol, qui a eu le grand tort de ne pas aller tout de suite à Paris après le procès.


Arenenberg, lundi 6 février.

Ce matin, la Reine m’a fait appeler pour faire partir une lettre pour son fils et copier une note à M. de Persigny.


(Note de la Reine du 5 février.)

« Votre lettre et vos idées sont très bonnes sous tous les rapports et nous sommes d’accord sur presque tous les points où serait un en-cas. Ceci dit tout, et je réponds qu’il n’y a point