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LA
FRANCE Á L’EXPOSITION DE SAN FRANCISCO


I

Bâtie sur les fortes ondulations de sable des dunes qui prolongent, en les accentuant, les faibles ondulations de la mer dans la coupe profonde de la baie, San Francisco élève, puis abaisse, en pentes raides, sous un ciel terne, ses maisons, — ses basses maisons de cinq étages, — ses villas fleuries, blanches, roses ou brunes, au style indécis ; puis, de colline en colline, ses faubourgs espacés vers l’Ouest et le Sud. Par les jardins du Presidio, nom que l’Espagne laisse en souvenir aux postes occupés par les troupes américaines, accourent deux haies de verdure. La route s’enfonce en creux de vague, se relève, tourne, recommence. Et, brusquement, la vue s’élargit. Au-dessus de la falaise, au pied de laquelle les phoques s’ébattent librement, le Pacifique apparaît ; plus grand que toute autre mer, et cependant réduit, comme toute autre mer, au cadre de l’horizon. La large échancrure d’une anse courbe entre deux caps, son rivage de sable blanc, tandis qu’au large, sur un moutonnement jaune et vert, strié de blanc d’écume, de petites voiles s’approchent, La fumée d’un vapeur s’éloigne, Plus près, entre la mer et la baie, s’entr’ouvre la « Golden Gate. » Décevant les promesses de lumière enfermées dans la splendeur de son nom, cette « Porte d’Or, » aujourd’hui, se voile de brume. Tapis dans les hautes herbes, pour en garder l’accès, les canons veillent. Un tir réel répercuté de proche en proche dans toutes les profondeurs du rivage, ébranle lentement le majestueux silence de