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l’effort d’un artisan qui sait être un artiste, rappelant qu’en France, à tous les degrés, c’est le même sentiment du beau, le même goût délicat et pur. Ceux qui trouveraient un peu crues les tonalités ardentes des tapisseries neuves goûteront la douceur fanée des quatre tapis de la série d’Alexandre, d’après les cartons de Lebrun et des quatre tapis de la Savonnerie du temps de Louis XIV.

Une heureuse idée fut celle de l’Exposition rétrospective, de 1870 à 1900. Les années de grandes guerres sont des dates mémorables, non seulement dans l’histoire des armes, des institutions et des mœurs, mais dans celle des arts. 1870, date de défaites, marque le point de départ d’étapes de progrès et de victoires : progrès politique du régime républicain, victoire sociale de l’idéal démocratique, retour artistique à l’expression de la vie contemporaine, non seulement dans ses apparences extérieures, mais dans ses aspirations propres, qui constituent l’idéal du temps. Dans la ruche artistique qui, dès la première heure, se remet au travail, le magnifique labeur des trois premiers quarts du siècle se fond et se condense en expressions nouvelles hautement significatives : l’imagination aboutit, avec Paul Baudry, Puvis de Chavannes, à la grande peinture monumentale ; l’observation, devenue plus affinée, plus attentive, s’aiguise dans l’impressionnisme de Manet et de Degas de Claude Monet, de Renoir. En 1830, avait commencé le romantisme, en 1848, le réalisme, en 1870 débute l’impressionnisme. Un professeur d’outre-Rhin, il y a quelques années, à propos d’une exposition de peintures patronnée par leur Empereur, à Chicago, s’évertuait à prouver que l’Ecole française, quel qu’eût pu être son passé de vieille culture, avait fini son rôle d’éducatrice et que cette mission revenait à la nouvelle Ecole germanique, plus saine, vigoureuse, d’une vitalité plus énergique. Comme l’a bien vu, et montré, le Commissaire des Beaux-Arts, M. Guiffrey, les héritiers et continuateurs des Puvis de Chavannes et des Rodin relèvent le défi. Maîtres et disciples sont ici : les maîtres dans l’Exposition rétrospective, au Palais de la France, les disciples près d’un de ces miroirs liquides où se reflètent les délicates couleurs et, les sobres lignes d’une architecture romaine ou grecque, entre les Japonais et les Italiens, au Palais des Beaux-Arts.

A l’Exposition rétrospective, l’allusion artistique a