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un attentat contre la classe ouvrière, une diversion sanglante et terrible à ses revendications. » Le manifeste de la G. G. T. rappelait, sans les préciser, les décisions des Congrès (touchant la grève générale) : l’agitation devait s’étendre jusqu’aux communes rurales.

Aucun mouvement de grève ne pouvait être tenté isolément, sans un accord préalable avec les camarades allemands et autrichiens. Jouhaux, secrétaire de la C. G. T., renouvelait auprès du représentant des syndicats allemands la vaine tentative de Griffuelhes, lors du conflit marocain. Une entrevue avait lieu à Bruxelles, le 25 juillet, entre Jouhaux, Legien, député au Reichstag et secrétaire des Gewerkschaften centralisés, et Mertens, secrétaire des syndicats belges. A la question pressante de Jouhaux : « Que comptez-vous faire pour mettre obstacle à la guerre qui se prépare… Etes-vous résolu à tenter un mouvement ? » Legien s’obstinait à ne pas répondre. Jouhaux en conclut qu’il n’y avait rien à attendre des Allemands.

En Angleterre, les mineurs du Pays de Galles étaient prêts à suspendre le travail, en cas de guerre, si l’on pouvait obtenir cet arrêt des autres pays ; ils demandaient la convocation d’un congrès international des ouvriers des mines. De même que les ouvriers du Continent, les Trade-Unionistes, le Labour party et les partis socialistes, très hostiles à la Russie, exaltaient la paix : et, en cas d’attaque contre la Serbie. ils exigeaient la neutralité de l’Angleterre.

De grandes grèves d’un caractère politique et social troublaient la Russie au commencement de juillet, et rappelaient le soulèvement révolutionnaire de 1905. A Petrograd, 120 000 ouvriers désertaient les usines et commençaient à dresser des barricades. La menace de guerre, bien loin d’amplifier le mouvement, contribua à l’éteindre. Les émeutiers cédèrent la place aux patriotes.

Les socialistes et les syndicalistes italiens excitaient le peuple à se préparer aux résolutions les plus viriles afin de détourner le malheur d’un conflit sanglant, de coopérer à l’abréger, à le localiser, si l’on ne pouvait l’empêcher. Ils exigeaient, dès le 15 juillet, que l’Italie se, détachât de la Triplice, qu’elle conservât la neutralité : « aucun pacte écrit par des couronnés ne pourrait pousser le peuple italien à prendre les armes pour écraser un peuple libre. »