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« Tout semble concilié par ce plan. L’intérêt du commerce est rempli, le négociant n’est plus contrarié dans aucune de ses opérations ; l’étranger ne peut demander ni plus d’aisance ni plus de liberté : il trouve les magasins ouverts tous les jours, il peut y acheter, vendre, débarquer, recharger, former à son gré ses assortimens.

« L’Etat ne sacrifie aucune partie de l’impôt, la perception en devient plus facile ; il profite même de l’accroissement des recettes que produit un commerce animé, l’affluence des étrangers et la prospérité de la ville.

« L’administration des douanes n’a qu’une enceinte à garder ; la police ordinaire suffit dans ce système ; elle n’est plus chargée d’ouvrir un compte pour chacun des nombreux entrepôts, ni de salarier une nuée de commis pour vérifier et recenser les marchandises dans les magasins ou pour en ouvrir les portes sur la demande des négocians. Les objets déposés dans le quartier franc sont pour elle comme s’ils n’existaient pas : elle n’est tenue qu’à garder soigneusement deux portes ; elle n’a à craindre qu’une contrebande de poche, facile à réprimer. »

On ne saurait mieux préciser. Le ministre plaidait ainsi auprès de la Chambre de commerce la cause du bon sens, et il ajoutait de nombreux exemples du succès de ces institutions à l’étranger et en France : à Gênes et à Dunkerque, dont la Ville haute jouissait de la franchise ; à Malte, Jersey. Guernesey et Héligoland. Le programme était défini dans ses grandes lignes et arrêté dans ses détails. Il est vraiment fâcheux que la Chambre de commerce de l’époque, tout à ses rêves de rétablis sèment de la franchise intégrale, telle qu’elle était jadis ressortie de l’édit de Colbert, ait refusé l’inappréciable présent que voulait lui faire le clair génie de Napoléon, dont nous sommes aujourd’hui réduits à envier à ce point de vue le libéralisme économique.

Un essai du rétablissement de la franchise eut lieu à la Restauration (loi du 16 décembre 1814), mais il s’agissait toujours de la franchise intégrale, et, à un moment où Marseille, épuisée par la guerre maritime, avait besoin de s’orienter vers le trafic national, il ne réussit pas. On le remplaça, en vertu de l’ordonnance du 10 septembre 1817, par des facilités exceptionnelles d’entrepôt, qui donnèrent les meilleurs résultats tant que