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LA RÉADAPTATION
DES
SOLDATS MUTILÉS ET AVEUGLES
Á LA VIE UTILE


I

Parmi les multiples problèmes que la guerre pose chaque jour d’une manière plus instante à nos esprits et dont elle laissera la charge écrasante à la société de demain, celui de l’utilisation des soldats mutilés et aveugles est particulièrement attachant. La modique pension que l’Etat versera à nos glorieux défenseurs ne saurait nous acquitter envers eux. Il nous faut, pour que notre gratitude ne soit pas trop lourde à porter, que, dans la plus large mesure possible, ils soient mis en état de s’assurer une vie active et utile, la seule qui apporte à l’homme les satisfactions morales nécessaires à l’âme comme le pain au corps. Il nous faut qu’ils puissent garder leur place au foyer, avoir la direction de leur famille et, s’ils ne peuvent toujours subvenir à ses besoins, du moins ne pas lui être une charge. Il ne s’agit pas seulement de dettes individuelles que nous devons acquitter, il y a là une nécessité sociale. Déjà, dans bien des domaines, à la campagne surtout, les bras manquaient en France. Après la guerre, les obus et la mitraille auront tellement diminué notre puissance de production qu’il serait criminel de laisser en friche par négligence une partie quelconque des forces nationales.

Des rapports très documentés ont été présentés sur la question à la Société de médecine publique par M. le docteur