Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 29.djvu/859

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Au moment où la hausse des changes étrangers inquiétait le plus vivement l’Amérique, le Conseil fédéral de réserve et le secrétaire de la Trésorerie se mirent d’accord, le 4 septembre, pour convoquer les représentans des chambres de compensation des villes où sont établies les banques « à réserve » et leur soumettre deux questions : ils leur demandèrent à combien se montaient les sommes dues par les États-Unis à l’Europe et quelles étaient les meilleures mesures à adopter pour en opérer le règlement. On arriva à la conclusion que la dette s’élevait à 500 millions de dollars, payables en plusieurs mois. Comme premier remède, on décida de constituer un fonds d’or de 100 millions de dollars, qui fut promptement réuni par l’intermédiaire des diverses chambres de compensation. Il suffit d’en exporter le dixième, soit 10 millions, pour régulariser le change et faire disparaître la prime du franc et de la livre sterling. Toutefois, la solution ne paraissant pas définitive, le secrétaire de la Trésorerie pria le gouvernement anglais d’envoyer des représentans afin de rechercher un remède plus efficace. Sir M. George Paishet Basil P. Blackett se rendirent à Washington, où une conférence eut lieu, le 23 octobre, entre eux, le secrétaire de la Trésorerie et le Conseil fédéral de réserve. D’autres réunions suivirent, auxquelles assistèrent des banquiers venus des principaux centres financiers des États-Unis. Peu à peu la situation s’améliora, si bien que, le 7 janvier 1915, on annonça officiellement qu’une action du gouvernement ne semblait plus nécessaire : dès cette époque, le dollar était coté au pair de la livre sterling et du franc.

Un autre domaine sur lequel le gouvernement crut devoir intervenir fut celui du coton, principale ressource des États du Sud. Le 26 août 1914, une conférence réunit à Washington le secrétaire de la Trésorerie, le Conseil fédéral de réserve, des représentans des producteurs et des marchands de coton, des banquiers et des directeurs de chemins de fer des États intéressés. On sait que les trois cinquièmes du coton américain se vendent à l’étranger. La récolte de 1914 s’annonçait comme particulièrement abondante : les Bourses étaient fermées des deux côtés de l’Atlantique, la livre de coton tomba à 5 cents (26 centimes), cours inférieur au prix de revient. On décida de former un fonds destiné à fournir des avances aux détenteurs de coton ; les banques de New-York y contribuèrent pour 50 millions, les