Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 30.djvu/408

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des lettres du Prince à la princesse Mathilde, qu’il y avait un mois qu’elle n’en avait reçu. Un branlement de tête de M. Conneau m’a fait penser qu’il trouvait que le Prince avait des torts avec sa cousine. Ayant de si grandes affaires en tête, il a dû la négliger. M. Conneau dit que le père se plaint surtout du manque de confiance du Prince, auquel il aurait pu donner des conseils et nommer des amis, etc. C’est sa vanité seulement qui est offensée.

Le vendredi matin, j’ai trouvé la Reine un peu piquée contre le prince de Montfort et la princesse Mathilde. Ils ont donné des bals, des soirées, cet hiver. C’est un manque de tact de la part du père et une légèreté de la part de la fille. La Reine ne regrette sous aucuns rapports cette alliance, et tout paraît bien rompu…

28 mars.

… La Reine fit lire devant nous le volume que lui adressait le Prince. Je lus à mon tour et en fondant en larmes ce long récit de tout ce qu’il a éprouvé depuis le 25 octobre qu’il a quitté sa mère. A côté du nom de la princesse Mathilde, est ce doute s’il a épuisé, en 1836, toute la somme de bonheur qui lui est réservé.

Mardi 9 mai.

Ce matin, pendant que j’écrivais près de la Reine, elle a reçu une lettre de son fils. Il est furieux contre le gouvernement français et pas mal contre Mathilde. « Il a reçu des lettres charmantes de toutes ses cousines excepté elle, et il n’épousera jamais une femme qui, dans une circonstance pareille, lui a montré si peu de cœur. »

Samedi 8 juillet.

M. Tascher est venu chez moi. Il a vu à Munich Mlle  de Padoue, Mme  Jaime, qui venait de Trieste, où elle avait vu le roi Jérôme. Il leur a dit qu’il ne s’était jamais soucié du mariage de sa fille avec le Prince, et il s’est montré furieux contre lui.

Vendredi 11 août.

… J’ai causé un instant avec la comtesse Camerata de la princesse Mathilde. Elle dit qu’elle n’est pas encore consolée, quoiqu’on lui ait fait une loi de le paraître.

Valérie Masuyer.