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Aujourd’hui, les Puissances se trouvent dans la même position où elles étaient du temps de l’Empire, lorsque le consortium première manière s’établit. Ou il faut constituer un nouveau groupement dont seront nécessairement exclues l’Allemagne et l’Autriche, un autre consortium, ou bien, chacun devra reprendre sa liberté et traiter seul avec le gouvernement de Pékin, quel qu’il soit. Cette alternative se présente comme il y a cinq ans, mais les événemens survenus depuis lors ont apporté leurs enseignemens.

La première et la plus importante leçon, que nous fournit l’histoire de la période critique traversée par la nouvelle République, est la faillite d’une action commune des Puissances, faillite fatale, parce que le principe constitutif du groupement était purement négatif, chacun de ses participans ne cherchant pas, en effet, un bien commun à tous ; mais au contraire, ayant avant tout en vue d’empêcher les autres d’acquérir des avantages.

Ce système de neutralisation réciproque dominait même la première forme du groupement, lorsque ni la Russie, ni le Japon n’en faisaient encore partie ; on pense bien, en effet, que l’Allemagne ne s’en était point mise pour faciliter l’action de la France et de l’Angleterre.

Avant même que la guerre n’éclatât, l’expérience était donc faite ; non seulement l’action collective des Puissances n’avait pas permis un commencement de rénovation économique et administrative de la Chine, mais, au contraire, le consortium diplomatique avait été entraîné à favoriser une politique qui devait conduire à une sanglante guerre civile et à soutenir une dictature incapable et rétrograde paralysant toute espèce d’organisation sérieuse dans le pays. Il avait ainsi abouti à desservir les intérêts économiques et financiers que la plupart de ses participans comptaient défendre. À ce point de vue, l’échec était complet. Le groupement avait été surtout utile à ceux qui désiraient avant tout défendre le principe monarchique en empêchant une République de plus d’apparaître dans le monde. Le but atteint se trouvait être fort différent de celui visé par les financiers et les hommes d’affaires qui ne demandaient qu’une rénovation administrative assurant, avec la paix intérieure, la prospérité du pays, quelle que fût la forme du gouvernement. Aussi les banques n’accordaient-elles plus depuis trois ans à