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qui, après l’avoir ramené à ses origines, lui ouvre un nouvel avenir, le Japon ne peut rester indifférent au sort de l’Asie et à ses rapports avec ses voisins immédiats. Le Japon le peut, à son gré, d’autant moins que, sans l’avoir désiré, l’Asie orientale s’est trouvée en communication avec l’Occident, avec les Puissances qui, depuis 1840, ont cherché à établir des relations avec la Chine, avec la Corée, comme elles ont réussi, après 1853, à en établir avec l’Empire du Soleil-Levant.

Okakura n’est pas indulgent pour l’Occident. Il a, dans un de ses chapitres intitulé « le Désastre blanc, » et pour répondre aux griefs dirigés contre « le Péril jaune, » tracé de l’histoire des premières entreprises occidentales en Asie une esquisse qui n’est pas flatteuse. Il s’applique, en regard, à démontrer, dans un autre chapitre intitulé : « le Japon et la Paix, » quelles ont été, dans le plus lointain passé, les tendances pacifiques de la politique japonaise et que si, au XVIe siècle d’abord, sous Hideyoshi, puis à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, le Japon fut amené à prendre les armes pour la sécurité de sa situation dans la Mer Jaune et le détroit de Corée, ce fut dans un intérêt de légitime défense. Notre intention et notre objet ne sont pas d’examiner et de discuter ici un litige sur lequel l’histoire a prononcé, et que des traités internationaux ont réglé. En fait, dès les premières années de la Restauration, un parti existait au Japon qui réclamait une expédition contre la Corée. Le parti de la paix prévalut, et le dissentiment qui éclata à ce sujet entre le grand Saigo et Okubo, son compagnon de clan et son ami, fut l’origine de cette rébellion dite de Satsuma qui mit aux prises les uns contre les autres les vainqueurs de 1868 et qui amena une sanglante répression. Quinze ans plus tard, en 1894-95, puis, de nouveau, dix ans après, en 1904-1905, survenaient, d’abord entre le Japon et la Chine, puis entre le Japon et la Russie, au sujet de cette même question coréenne, des conflits dont le résultat fut, après deux essais successifs d’indépendance et de protectorat, l’annexion définitive de la Corée par le Japon au mois d’août 1910.

La solution de la question coréenne, les accords qui s’établirent en outre, soit entre le Japon et la Russie, soit entre le Japon et la Chine, sur la question connexe de la Mandchourie, les arrangemens qui intervinrent enfin, entre le Japon d’une part, et, de l’autre, l’Angleterre, la France, la Russie, les