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Marine. Je ne veux pas énumérer les privilèges des inscrits ; les plus importans consistent dans l’allocation d’une pension de retraite à cinquante ans d’âge et vingt-cinq ans d’embarquement et dans l’obtention de secours de toute nature sur la caisse des Invalides ou la caisse de prévoyance. L’institution de l’Inscription maritime est, en effet, inséparable du fonctionnement de la caisse des Invalides largement alimentée par des subventions du budget national[1] et qui payait en 1914 : 22 200 000 francs de pensions, 1 593 000 francs de secours, 2 383 225 francs de subventions, avec un budget total de dépenses de 26 801 958 francs, en augmentation de 1 329 036 francs sur l’année précédente.

Ces avantages avaient autrefois leur corollaire dans la dette militaire particulière que les inscrits devaient supporter. Ils passaient le tiers de leur temps d’activité sur les vaisseaux du Roi à une époque où le service obligatoire n’existait pas. A l’heure actuelle, la seule différence entre les obligations d’un inscrit et celles d’un conscrit, consiste en ce que le premier doit servir dans la marine pendant cinq ans, tandis que le second est appelé dans l’armée de terre pendant trois ans. Encore cette période de cinq ans est-elle toute théorique. En fait, l’inscrit est envoyé en congé illimité entre le quarantième et le quarante-huitième mois de présence, selon les nécessités du service. Lorsqu’un inscrit atteint l’âge de cinquante ans ou qu’il est réformé, il est rayé des matricules des inscrits définitifs pour passer à celles des hors de service.

Si tous les inscrits vivent de l’exploitation de la mer, il n’en existe pas moins entre eux des dissemblances très profondes, leur genre d’existence variant du tout au tout d’un quartier à l’autre. Il est essentiel de connaître cette population maritime pour comprendre les difficultés de leur mobilisation. Les uns, longs courriers à voiles, traînent leur existence errante à travers le monde dans le vide des grandes traversées. Ils proviennent de certains ports du Nord et surtout des quartiers populeux de Bretagne. Certains quartiers comme Lannion, Binic et Dinan qui ne comprennent presque pas d’étendue de côtes, comptent une proportion très élevée de longs courriers. C’est une sorte

  1. Cette subvention était de 16 280 734 francs en 1914, plus 2 383 225 francs de subvention spéciale (loi du 19 avril 1906), en augmentation totale de l 100 912 francs sur 1913.