Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 31.djvu/656

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

boucholleurs de Marennes, les riverains des étangs salés levant leurs filets entre deux vendanges, ou les « semble-pêcheurs » de la Côte d’Azur, qui abandonnent leur gouvernail pour faire les lazzaroni sur la grève, au moindre souffle du mistral.

Les inscrits actifs : longs courriers, caboteurs, pêcheurs hauturiers, se sont toujours plaints, à juste titre, de voir leurs camarades sédentaires profiter des mêmes avantages qu’eux sans courir les mêmes risques.

Les inscrits reçoivent trois sortes d’allocation : des secours, des pensions sur la caisse des Invalides, et des pensions ou gratifications sur la caisse de prévoyance contre les accidens de mur. Sur tous ces points, les matelots sédentaires sont avantagés. Les secours vont principalement à eux parce qu’ils sont présens et que leur misère est plus apparente. En ce qui concerne les pensions, il a bien été créé en 1908 un supplément de soixante francs par an pour ceux qui peuvent justifier de cent-quatre-vingts mois de navigation hauturière. Toutefois, ce supplément est loin de compenser les apports spéciaux que les bénéficiaires font à la caisse des Invalides. Alors que ces apports, qui portent sur 5 pour 100 de leur salaire, atteignent en moyenne 5 francs par mois, les pêcheurs ne versent que 1 fr. 50. Quant à la caisse de prévoyance, elle joue beaucoup plus souvent pour les pêcheurs que pour les marins du commerce qui sont, de par les règlemens, soignés pendant quatre mois à la charge de l’armateur.

Or, les navigateurs hauturiers constituent une élite restreinte parmi la population maritime. Celle-ci se décomposait de la façon suivante, d’après les dernières statistiques établies en 1911 :


Long cours 16 499
Grand cabotage 7 561
Cabotage français 8 184
Pilotage 1 708 33 952
Grande pêche 13 112 13 112
Pêche au large 10 196
Petite pêche 64 008
Bornage 7 602
Navigation fluviale 8 228 90 034
Inscrits inactifs 52 908 52 908
Total 190 006[1]
  1. Non compris 31 738 marins embarqués à l’État, soit au total 221 700 inscrits. Il y a un écart de 10 000 unités environ entre ce chiffre et celui qui est donné plus loin au 1er mars 1915. Cet écart s’explique par la baisse progressive du nombre des inscriptions et surtout par les radiations d’office opérées depuis la déclaration de guerre jusqu’au 1er mars 1915, ainsi que nous l’expliquerons.