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avait intérêt à étendre, le plus possible, les limites de l’Inscription maritime pour se procurer des marins. De nos jours, où la somme des avantages dépasse celle des inconvéniens, tout au moins pour les inscrits qui ne pratiquent pas une navigation hauturière, il faut, au contraire, se défendre contre les inscriptions abusives, émanant de citoyens désireux de percevoir la pension de retraite attachée à la qualité d’inscrit, sans pour cela embrasser en aucune manière la profession de navigateur. Depuis la loi de 1896, le contrôle de la marine fait une chasse constante à ces inactifs qui cherchent, par tous les moyens, à pratiquer une navigation fictive et à éluder les conséquences de la loi.

Malheureusement, le mal est tellement enraciné qu’il est difficile de le guérir. La complaisance des syndics, l’inertie de certains administrateurs, parfois même les interventions politiques paralysent l’action de la surveillance. Malgré les radiations nombreuses qui avaient été effectuées d’office, il restait encore, au moment de la guerre, un nombre élevé de faux-inscrits, qui avaient renoncé à la navigation ou ne l’avaient même jamais pratiquée à titre professionnel et qui, néanmoins, continuant à figurer sur des matricules, échappaient, par cela même, à l’appel du recrutement.

La protection que l’Inscription maritime accordait à ces hommes, exerçant des métiers les plus divers : épiciers, bouchers, commissionnaires, etc., avait quelque chose de particulièrement regrettable.


Telle était la population maritime. Elle comptait, au 1er mars 1915, après l’épuration dont nous allons parler et en chiffres ronds : 211 870 inscrits, dont 28 860 inscrits provisoires 121 545 inscrits définitifs et 61 465 inscrits hors de service qui, comme nous le savons déjà, étaient affranchis de leur dette militaire, soit par suite de leur âge, soit parce qu’ils étaient réformés. Les inscrits définitifs âgés de vingt à cinquante ans étaient donc seuls mobilisables. Sur ce nombre de 121 500 hommes, il s’en trouvait déjà plus de 30 000 sous les drapeaux[1] ; d’autre

  1. Les inscrits continuent à figurer sur les matricules pendant qu’ils servent à l’État. En outre, tous les sous-officiers du cadre de maistrance sont tenus de se faire inscrire au siège d’un quartier, et de nombreux engagés volontaires accomplissent cette formalité pour jouir de certaines indemnités pour charge de famille qui ne sont accordées qu’aux seuls inscrits maritimes, grâce à la survivance de règlemens aujourd’hui incompréhensibles.