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établissemens universitaires, vers les problèmes qui appellent des solutions urgentes, comme par exemple, pour n’en citer qu’un exemple entre mille, la détection des sous-marins. Et les problèmes analogues ne manquent pas ! S’il n’aura pas le pouvoir de suggérer par ordre à ses subordonnés telle solution géniale et imprévue d’une difficulté angoissante, le grand-maître de l’Université et des Inventions pourra du moins diriger leurs efforts vers la réalisation de tel détail, de tel appareil, de tel dispositif technique dont la mise au point suffira à nous assurer un progrès sensible. Dans une guerre comme celle-ci, qui met aux prises des millions d’hommes engrenés dans une immense machine uniformée, on n’imagine point quel avantage peut nous donner, — et nous a déjà donné, — tel détail matériel, tel perfectionnement en apparence minuscule d’une arme ou d’un effet d’équipement multiplié à des centaines de mille exemplaires.


Entre toutes les heureuses raisons d’espérer, entre toutes les améliorations que nous apporte le ministère des Inventions, il en est une qui réjouira le cœur de tous les Français : c’est la meilleure utilisation des compétences.

C’est là un sujet que je ne voudrais aborder qu’avec une extrême circonspection, car un grand nombre de personnes se sentent blessées dans leur honneur, lorsqu’on ose affirmer qu’en matière administrative, civile. et même parfois militaire, la fonction ne crée pas toujours l’organe, l’autorité n’est pas toujours conjuguée à la compétence, et les supérieurs ne sont pas toujours les gens supérieurs. Ce sont là pourtant des vérités de tous les temps et de tous les pays, et personne ne me contredira si je m’étonne, par exemple, que dans un pays aussi civilisé que l’Italie, on voie le mobilisé Marconi, l’homme du monde le plus compétent dans la technique de la télégraphie sans fil, simple sous-lieutenant. Il est vrai qu’on a eu l’intelligence de le mobiliser dans la télégraphie militaire ; mais ne devrait-il pas y avoir un grade qui lui conférât une autorité et un commandement correspondant aux services qu’il peut rendre ? L’autorité ne serait pardonnable de laisser Marconi croupir dans un grade subalterne que si elle l’avait mobilisé dans l’intendance, par exemple, ou le service vétérinaire, auquel cas il serait tout à fait, non pas à sa place, mais du moins à la place de son grade. Après tout, c’est peut-être pour ne pas essuyer un reproche de ce genre, qu’en Italie, et même chez certains