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les Basques le revendiquent. Les registres de l’Université, qui, portent « François Xabier ou Xavier, Cantaber, » leur donnent raison. Mais les Basques sont les gens les plus mystérieux du monde. S’ils ne compliquent pas le problème, ils en laissent subsister toute l’obscurité : Basque français ou Basque espagnol ? Ni l’Espagne ni la France ne sont pauvres en saints. Que la gloire de François de Xavier reste indivise entre elles, et qu’elles en concèdent l’usufruit à ces Basques, qui gardent si jalousement le secret de leur origine, et qui semblent tombés du ciel ! Mais l’heure n’est pas encore venue de cette noble contestation. L’agile et fier jeune homme, qui se met en route plus léger d’argent que d’espoir, ignore où sa route le mène, et quelles en seront les dures montées.

Il ignore aussi, qu’en ce monde il ne reverra plus sa mère. Quatre ans après son départ, la mort la frustrera des joies que lui eût sans doute causées le dévouement de son fils à Dieu, mais, du même coup, lui épargnera l’angoisse de ses angoisses, quand il travaillait aux Indes et que, chaque fois qu’il courait un danger de mort, s’il faut en croire la légende, le vieux Christ de la chapelle des Xavier se couvrait d’une sueur de sang.


II. — A L’UNIVERSITE DE PARIS

« Je crois qu’en aucun lieu de la chrétienté il ne faut autant de ressources que dans cette Université pour l’entretien, les honoraires des maîtres et autres exigences de la vie d’étudiant, mais j’estime qu’il suffit par an de cinquante ducats bien assurés. A mon avis, si vous considérez les frais, ils seront cependant moindres dans cette Université, parce qu’on y profite plus en quatre ans que dans telle autre que je sais en six ans ; et si je disais plus encore, je ne m’écarterais pas, ce me semble, de la vérité. » Ces paroles d’Ignace de Loyola, dans une lettre à son frère de 1532, nous attestent, une fois de plus, le prestige de l’Université de Paris. On voudrait connaître les premières impressions de François à son arrivée sur la montagne Sainte-Geneviève. Mais, des onze années consécutives qu’il y passa, tout ce que nous savons qui lui soit personnel tiendrait presque en quelques lignes. Pendant les premières, son existence se confond avec celle des étudians ; pendant les dernières, avec celle du créateur de la Compagnie de Jésus. A peine si le