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Le 1er août, dès le matin, M. Klobukowski, ministre de France, vint faire à M. Davignon la déclaration très catégorique que le Premier Livre Gris a reproduite sous le numéro 15 : « Je suis autorisé à déclarer qu’en cas de conflit international, le gouvernement de la République, ainsi qu’il l’a toujours déclaré, respectera la neutralité de la Belgique. Dans l’hypothèse où cette neutralité ne serait pas respectée par une autre Puissance, le gouvernement français, pour assurer sa propre défense, pourrait être amené à modifier son attitude. »

C’était la réponse, nette et claire, de la France à la question que le gouvernement britannique lui avait posée la veille. La France n’avait pas laissé à l’Angleterre le soin de nous la communiquer.


Le silence de l’Allemagne devenait préoccupant. Dès la veille, 31 juillet, le baron van der Elst avait cherché à sonder le ministre de ce pays, M. de Below-Saleske. Il lui avait rappelé une conversation qu’il avait eue, en 1911, avec son prédécesseur M. de Flotow, conversation qui avait provoqué, de la part du chancelier de l’Empire, un message rassurant pour la Belgique : l’Allemagne, avait dit M. de Bethmann-Hollweg à cette époque, n’avait pas, quoi qu’on en dise, l’intention de violer la neutralité belge en cas de guerre ; mais le chancelier estimait qu’une déclaration publique en ce sens affaiblirait la situation militaire de l’Empire vis-à-vis de la France, qui, rassurée du côté du Nord, porterait toutes ses forces du côté de l’Est.

Le baron van der Elst avait rappelé aussi à M. de Below-Saleske les déclarations de M. de Jagow à la Commission du budget du Reichstag en 1913 quant à la reconnaissance par l’Allemagne des traités garantissant la neutralité belge. Le ministre d’Allemagne s’était borné à répondre qu’il se souvenait de ces déclarations et qu’il était certain que les sentimens exprimés par MM. de Bethmann-Hollweg en 1911 et de Jagow en 1913 n’avaient pas changé[1].

Le 1er août, après la déclaration faite par M. Klobukowski au nom de la France, je fus chargé par M. Davignon d’aller trouver M. de Below-Saleske et de l’informer de cette

  1. Premier Livre Gris, n° 12.