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LA HOUILLE VERTE.


tion de la forêt, s’est manifestée la diminution du débit des torrens pyrénéens, la fréquence et la violence des grandes inondations.

La solution du problème de la conservation, de l’augmentation de la richesse du « Midi pyrénéen, » se résume donc dans le maintien des forêts existantes, leur accroissement jusqu’à la proportion de 30 pour 100.

Pour obtenir ce résultat, il faut revenir aux anciennes coutumes, aux anciens usages des vallées pyrénéennes, qui si sagement avaient édicté les règlemens les plus précis pour la réglementation des pâturages et la sauvegarde des forêts.

Le montagnard n’y sera pas rebelle, à la condition que les mesures soient prises d’ensemble pour toute la chaîne, en vertu de principes généraux inflexibles, modifiés dans leur application par les nécessités de la constitution géographique du terrain.

J’ai montré que la régularisation du débit des forces hydrauliques était la condition sine qua non du progrès de nos montagnes ; si on n’assure pas cette régularisation par le maintien en bon état des versans des bassins, les éboulemens des terres et des roches la compromettront assez rapidement, en diminuant la capacité des réservoirs naturels ou artificiels.

Je sortirais du cadre de cette étude en entrant dans les détails de l’utilisation des forces hydrauliques des Pyrénées ; c’est aux hommes de science, aux industriels, aux agriculteurs, qu’il appartient de traiter ces questions ; mon but est d’appeler l’attention de l’opinion publique sur la nécessité urgente de profiter d’une occasion exceptionnelle pour accroître les richesses industrielles et agricoles de nos régions.

Pour atteindre ce but, le meilleur moyen me parait être la création d’une organisation centralisant les renseignemens, les données certaines, afin de permettre aux hommes qui voudraient fonder des établissemens industriels ou agricoles de se documenter utilement et sérieusement. On est entré dans cette voie, en fondant, pour attirer dans nos montagnes les voyageurs et les touristes, des syndicats d’initiative et des fédérations de ces syndicats ; l’entreprise a réussi. Je suis absolument convaincu qu’une organisation semblable, faite au point de vue agricole et industriel, obtiendrait un succès encore plus grand.