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simultanément pendant le vol les diverses réactions horizontales et verticales de l’air et la traction de l’hélice.

La seconde méthode générale employée pour expérimenter l’action de l’air sur divers corps est fondée sur le principe de relativité. Elle admet que de l’air en mouvement sur un objet mobile produit sur lui le même effet que si l’objet se déplaçait d’une vitesse égale et contraire dans de l’air calme.

En France, cette méthode a été appliquée d’une manière particulièrement heureuse par M. Eiffel dans son laboratoire du Champ-de-Mars, puis plus récemment à Auteuil. L’espace me manque pour décrire en détail, à mes lecteurs, l’arsenal instrumental à la fois puissant et délicat, que le grand ingénieur a réalisé dans son laboratoire d’Auteuil, les instrumens de mesure précis, les méthodes graphiques et les procédés de calcul ingénieux qu’il a imaginés pour mettre en œuvre et interpréter ses expériences. Il faut admirer sans réserve l’activité infatigable et le génie inventif sans cesse renouvelé de cet octogénaire ; son plus beau titre de gloire dans l’histoire de la science ne sera sans doute pas la Tour de Mille coudées, bien que, jadis simple phénomène métallurgique, elle soit devenue l’antenne frémissante et sensible qui par la T. S. F. fait sentir au monde les vibrations du cœur de la France. Non, ce sera plutôt son œuvre aérodynamique, les résultats aujourd’hui classiques de ces milliers d’expériences qui ont été et sont chaque jour si précieuses à tous ceux qui construisent, inventent ou perfectionnent des aéroplanes ou des organes quelconques d’aéroplanes.

Dans le laboratoire d’Auteuil qui constitue sans doute la plus puissante installation de ce genre dans le monde, se trouve réalisé un courant d’air d’un diamètre d’environ 2 mètres pouvant atteindre une vitesse d’environ 40 mètres à la seconde (144 kilomètres à l’heure). Dans ce courant d’air sont suspendus les modèles réduits des avions ou parties d’avions (hélices, etc.) dont on veut mesurer la tenue dans l’air, le rondement, la sustentation. Des appareils délicats permettent de faire ces mesures à distance. La valeur de la pression, exercée par exemple sur une aile réduite, par le courant d’air, est mesurée au moyen d’une balance dynamométrique dont le principe est simple et ingénieux : la surface est portée par un levier relié au fléau d’une balance ; ce fléau étant soulevé par la pression de l’air, on rétablit l’équilibre au moyen de poids qui déterminent exactement la pression cherchée.

La méthode du courant d’air avait soulevé d’abord quelques