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sa première élection, le 27 novembre 1870. Comme député, pendant quarante-six ans, il a pris une part importante aux travaux et aux débats parlementaires, notamment en 1876, dans la discussion sur le régime des chemins de fer, en 1881, à l’abolition de la taxe sur le sel; par-dessus tout, il a été l’incomparable rapporteur de l’enquête sur la marine marchande : « Un peuple de marins forts et hardis, s’écriait-il, placé sur la grande route des nations, voit et sent que, dans les entreprises et les risques de la navigation et des commerces maritimes, il doit retrouver de nouvelles destinées. » Cette foi dans les destinées de l’Italie, c’est le fond du caractère de M. Boselli, c’en est l’élément permanent, c’est son principe et sa règle, c’est sa marque. A quarante-quatre ans de distance, elle lui fait tenir le même langage, le 20 novembre 1871, quand, dans un discours d’une forme classique, il montre à la Chambre enthousiaste « l’Italie pensive et émue sur la tombe d’Ugo Foscolo, » et tout dernièrement, le 20 mai 1915, à la veille de la résolution définitive, quand il lui dépeint « la douleur des populations italiennes arrachées à l’Italie par les usurpations de la force et le déchirement des nationalités » ou quand, il évêque devant elle « les grands esprits des auteurs de la rédemption et de l’unité nationale saluant avec nous les événemens tant appelés et désirés. » Cinq fois ministre, de 1887 à 1906, — trois fois, avec Crispi, une fois avec le général Pelloux, une fois avec M. Sonnino ; trois fois à l’Instruction publique, une fois aux Finances, une fois au Trésor, — il y avait déjà dix-sept ans qu’il était député lorsque, pour la première fois, Crispi lui confia un portefeuille, celui de l’Instruction publique. Auparavant, il l’avait essayé dans une mission à Paris, après la dénonciation du traité de commerce italo-français du 3 novembre 1881. A peine installé à la Consulta en août 1887, Crispi avait envoyé M. Boselli auprès de M. Rouvier, alors président du Conseil, qu’il avait connu comme négociateur de la Convention de navigation, et nous avons de lui, dans cette circonstance, trois lettres très intéressantes, des 5, 7 et 10 septembre, qui non seulement traitent du point un peu spécial sur lequel portait principalement sa mission, mais touchent accessoirement à la politique générale, à la politique internationale. Au ministère de l’Instruction publique, il fut prompt à faire ses preuves, et ses talens, la finesse, l’agilité de son intelligence, son aisance à se mouvoir dans les questions techniques, lui eurent bientôt assuré les plus précieux suffrages. Que ce temps paraît loin, lorsque le hasard vous remet sous la main et qu’on se distrait à feuilleter la collection de quelque vieux journal, celle, par exemple, du Don Chisciotte,