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avait G6. Pembroke avait 267 étudians avant la guerre, Caïus 259, Saint-John 237 ; ils sont actuellement réduits à 27, 35 et 47 élèves. A King’s, de 173 le chiffre des étudiants a passé à 24. On peut faire les mêmes constatations à l’Université de Londres. Des deux plus anciens collèges qui la constituent, l’un, King’s College, comptait 977 étudians avant la guerre ; il en a 344 aujourd’hui, dont plus de la moitié sont des femmes ; l’autre, University College, avait 802 élèves avant la guerre ; il en a 442 aujourd’hui, dont 182 sont des femmes. Il en va de même dans le plus jeune des collèges de l’université, dans ce collège d’East London, fondé, il y a quelques années à peine, dans un des quartiers les plus populaires et les plus pauvres de Londres. On y trouve à l’heure actuelle 119 étudians, 51 femmes et 68 hommes, dont 19 sont des étrangers, 31 sont âgés de moins de dix-huit ans, et 12 sont inaptes au service militaire. Il serait aisé d’apporter pour toutes les universités anglaises de semblables indications.

Où se trouve aujourd’hui toute cette jeunesse universitaire ? Elle est en France, en Macédoine, en Égypte, en Mésopotamie. Elle n’a point attendu le vote du service obligatoire pour répondre, dès le début de la guerre, à l’appel de la patrie. C’est par milliers que ces jeunes gens, dans l’armée ou dans la marine, comme officiers ou comme soldats, servent, combattent et meurent. Et ce n’est pas là un des moindres services que l’université ait rendus à la cause nationale.

Depuis qu’en 1908, lord Haldane avait supprimé les anciens corps de volontaires et organisé une force territoriale rattachée à l’armée régulière, une mission spéciale avait été confiée aux universités : celle de devenir, pour la nouvelle armée territoriale et pour la réserve spéciale, une pépinière d’officiers. De leurs écoles préparatoires (Officers training Corps), assez sérieusement organisées dès le temps de paix, sortaient en outre, après des examens particuliers et sur la présentation de l’université, des candidats aux emplois de l’armée régulière. Quand la guerre imposa brusquement la nécessité de fournir des cadres aux armées nouvelles de lord Kitchener, l’organisation militaire des universités fut un des moyens qui permirent de suffire à ces exigences impérieuses. Ici encore, les chiffres sont significatifs du service rendu, de l’empressement aussi que cette jeunesse apporta à le rendre. Du commencement de 1909 au