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écrivaient les auteurs, du maniement des faits historiques, et nous avons essayé de traiter ce sujet historiquement. » Il y a des pays, on le sait, où l’on a d’autres façons d’écrire l’histoire. A Oxford encore, sous le titre de Oxford pamphlets, paraît, depuis le commencement de la guerre, une collection de brochures de propagande destinées à faire connaître au peuple anglais aussi bien les problèmes pratiques que les hautes questions morales soulevées par la guerre actuelle. Et ce ne sont là que quelques exemples pris au hasard et qu’on pourrait multiplier à l’infini.

Mais c’est par la parole surtout que s’est donné cet enseignement. Dans une intéressante brochure sur l’Université de Sheffield, on lit ceci : « Quand la guerre a éclaté, c’était toute une éducation de politique étrangère qu’il fallait faire. Un Comité de conférences sur la guerre (War Lectures Committee) se forma à l’université. On faisait des discours dans la ville et dans les villages d’alentour. Quelquefois un conférencier pérorait dans les rues. Quelquefois il parlait aux ouvriers dans l’usine même pendant l’heure du repas. Partout on faisait une propagande énergique. » La même propagande se faisait dans le même temps à Liverpool, à Leeds, à Manchester, et on peut croire qu’elle n’a pas été sans effet dans ces régions industrielles de l’Angleterre du Nord, qui, après avoir été peut-être plus lentes que d’autres à prendre conscience du péril, se sont aujourd’hui engagées dans la lutte avec un acharnement volontaire et passionné. Cette campagne de conférences se poursuit jusque sur le front. Des professeurs de Cambridge et d’Oxford ont fait aux soldats de l’armée britannique, et parfois même aux soldats de l’armée française, des séries de leçons, — jusqu’à une trentaine, — destinées à leur expliquer les problèmes essentiels de l’heure présente, les intérêts engagés dans la guerre, l’enjeu de la lutte et la noblesse de la cause. Et ce n’est point sans doute le gouvernement anglais qui a pris l’initiative de cette propagande, dont l’honneur revient surtout à de puissantes associations, telles que la Y. M. C. A. (Young men Christian association) ; mais il ne l’a nullement entravée ; et ce n’est point assurément l’un des moins curieux aspects du rôle des universités anglaises pendant la guerre que cette présence de leurs professeurs jusque dans les camps.

Ainsi, étudians et maîtres, tous ont tenu à honneur de servir.