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comme il arrive dans de tels momens, hâtifs, insuffisans, trop conservateurs.

Il est difficile de préciser quel fut le déchet du recrutement de lord Derby. Il a dû être égal à peu près à 50 pour 100 des inscrits. Mais la loi de conscription fut provoquée moins par cette réduction très sensible du chiffre des hommes à incorporer que par les difficultés qui se présentèrent dans leur incorporation. En effet, les célibataires devaient être incorporés les premiers. Et le gouvernement avait pris l’engagement que, si la proportion des célibataires inscrits par rapport aux hommes mariés n’atteignait pas un taux conforme au chiffre du registre national du recrutement, les hommes mariés seraient déliés de leur engagement, et une loi contraindrait les célibataires récalcitrans à se présenter. Or, les inscrits de lord Derby comprenaient 1 345 000 mariés contre 1 150 000 célibataires. Et l’on constatait que plus d’un million de célibataires s’étaient dérobés, pour différens motifs, à l’appel pressant du volontariat. Pour les atteindre et se conformer à ses engagemens, le gouvernement fit voter par le Parlement la loi de conscription en février 1916… Cette loi concernait donc exclusivement les célibataires et les mariés sans enfant, âgés de dix-huit à quarante ans, et résidant en Grande-Bretagne. L’Irlande était exceptée, mais les Irlandais avaient fourni spontanément une large quote-part à l’engagement volontaire. Les célibataires devaient être appelés dans l’ordre de leur classe d’âge.

La loi avait prévu très libéralement les cas d’exemption comme inaptes et indispensables. Les mêmes inconvéniens se