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REVUE LITTÉRAIRE

NOUVELLES LETTRES DE LA COMTESSE D’ALBANY[1]



La comtesse d’Albany a connu André Chénier, elle a connu Chateaubriand, Lamartine : ainsi, elle appartient un peu à l’histoire de la littérature française. Puis l’aventure de sa vie est extrêmement romanesque ; elle a tenté les biographes. En 1861, Saint-René Taillandier racontait ici même le roman vrai de cette belle dame qui a été reine sans royaume, et ensuite l’amie d’un poète, et ensuite l’amie d’un peintre. En 1863, Sainte-Beuve lui consacre deux lundis. Depuis lors, il a paru quatre volumes de sa correspondance, les deux derniers pendant la guerre. La comtesse d’Albany, après cela, n’a plus beaucoup de secrets pour nous : à peine lui reste-t-il, en somme, l’inévitable secret de toute âme.

Bonstetteu, aimable Bernois et, dit Sainte-Beuve, « presque Athénien, » l’avait rencontrée à Rome, toute jeune et quand les Romains l’appelaient la Reine des Cœurs. Elle était gaie, malicieuse, blonde, « blanche comme une Anglaise, » et des yeux « bleu foncé. » Bonstetten avoue qu’il fut amoureux d’elle. Alfieri lui attribue des yeux « très noirs ; » mais Alfieri ne fut que son amant : je me fie aux yeux bleu foncé dont le jeune Bernois s’éprit, à Rome, un hiver. Une petite

  1. Lettres de la comtesse d’Albany au chevalier de Sobirats, éditées par le marquis de Ripert-Monclar (à Monaco ; et à Paris, chez Auguste Picard, 1916). Cf. Léon G. Pélissier, Le portefeuille de la comtesse d’Albany (Fontemoing, 1902) et trois séries de Lettres inédites de la comtesse d’Albany, la première en 1904 chez Fontemoing ; les deux autres en 1912 et 1915, dans la Bibliothèque méridionale, à Toulouse, chez Ed. Privat et, à Paris, chez Auguste Picard. Saint-René Taillandier a publié en 1862 et en 1863, chez Michel Lévy, La comtesse d’Albany et Lettres inédites de Sismondi, de Bonstetten, de Mmes de Staël et de Souza.