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essentielle de l’aéroplane militaire : la reconnaissance et le repérage, en un mot la vision. Enfin une autre catégorie d’avions combattans est née : celle des avions de bombardemens qui vont en arrière des lignes ennemies, et souvent à grande distance, jeter des explosifs sur ses voies de ravitaillemens, ses usines, ses dépôts et magasins.

Parmi les fonctions actuelles de l’avion militaire, celles-ci sont les principales. Mais il y en a d’autres encore, qu’on n’eût point prévues naguère, que divers épisodes de cette guerre ont enfantées nous la subtile pression des nécessités imprévues, et dont l’importance pourra se développer beaucoup plus que nous n’imaginons aujourd’hui. C’est ainsi, par exemple, qu’à Kut-el-Amara et à Przemysl les avions ont servi à assurer la liaison d’une place assiégée avec l’extérieur, à la ravitailler en nouvelles et même en provisions. C’est ainsi qu’en Serbie, nos avions ont servi à évacuer et mettre en lieu sûr, pendant l’invasion austro-allemande, un certain nombre de blessés. C’est ainsi que… mais il est des emplois ingénieux des avions sur lesquels il vaut mieux pour l’instant faire le silence. En résumé, on peut faire le classement suivant des diverses fonctions des avions militaires :

1° Reconnaissances, service d’éclaireurs, repérage de batteries et de positions ;
2° Réglage des tirs de l’artillerie ;
3° Chasse et combat des appareils ennemis (tant aéronefs qu’aéroplanes) ;
4° Bombardemens ;
5° Ravitaillement, poste, liaison, transport des blessés, etc.


Un seul type d’avion pourra-t-il remplir, d’une façon satisfaisante, des fonctions aussi différentes ? Ce n’est pas probable a priori, et le vieux principe de l’évangile Lamarckien, d’après lequel la fonction crée l’organe s’oppose dès l’abord à ce qu’un organe unique assure simultanément des fonctions disparates. Ici comme dans tous les domaines où l’on veut que les choses soient poussées à fond avec la plus grande perfection, il doit y avoir une spécialisation, une différenciation des appareils adéquates aux buts à atteindre.

Certains pourtant avaient rêvé un moment d’un appareil volant unique, d’une sorte d’aéroplane « Maître Jacques » qui serait capable tour à tour de combattre très bien, de bombarder ou d’assurer un service de reconnaissance. Ce n’était qu’un rêve, comme l’a prouvé l’expérience qui a amené dans toutes les armées belligérantes la