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décrivant certaines courbes dont le sens était convenu d’avance. Aujourd’hui ils emploient des procédés plus rapides et moins rudimentaires, et beaucoup sont munis, chez les Allemands comme chez nous, soit d’appareils de T. S. F., soit de fusées de formes et de couleurs variées qui leur permettent de diriger et de rectifier les coups des artilleurs.

L’avion de réglage doit, comme l’éclaireur, avoir un champ visuel étendu devant l’œil de l’observateur ; ses ailes et son fuselage doivent être placés et échancrés en conséquence. Il doit avoir une faible vitesse pour trois raisons : 1° parce qu’à faible vitesse il peut survoler plus facilement, sans s’en écarter, l’objectif examiné : l’idéal serait un appareil de vitesse nulle qui resterait immobile sur les points observés ; 2° parce que sa faible vitesse a pour corollaire un plafond élevé qui lui permet d’échapper plus facilement aux avions-chasseurs ennemis, qui très rapides ne peuvent monter aussi haut ; 3e parce que l’avion de réglage doit pouvoir très facilement atterrir dans le voisinage immédiat de l’officier d’artillerie dont il doit sans cesse prendre les ordres. Pour que cet atterrissage puisse avoir lieu « dans un mouchoir de poche, » suivant l’expression aujourd’hui consacrée dans l’argot aérien, il faut, étant donnée l’exiguïté, fréquente sur le front, des terrains convenables, que l’aéroplane soit aussi peu rapide que possible, car on sait qu’un appareil rapide a besoin d’un très vaste espace pour atterrir sans danger.

Cet appareil doit donc être léger et peu rapide.


Les avions de chasse, destinés, comme nous avons vu, d’une part à protéger les avions de reconnaissance et de réglage contre les appareils de chasse de l’ennemi, d’autre part à rendre impossible son service d’éclaireurs aériens doivent être également légers ; mais en revanche ils doivent être aussi rapides que possible.

L’armement des avions de chasse est d’une importance capitale. Quelquefois armés d’un petit canon, ils sont chez l’ennemi comme chez nous plus généralement munis d’une mitrailleuse. Si les avions de chasse allemands (dont le parangon est le célèbre Fokker, pâle copie de notre vieux Morane-Saulnier) ont paru pendant une période qui fut courte et qui est heureusement déjà lointaine, avoir un moment la suprématie, c’est uniquement parce que leurs mitrailleuses déroulaient des bandes de cartouches bien plus longues que les nôtres, à quoi il est heureusement remédié aujourd’hui. Le cri fameux : « Des munitions, des munitions ! » est en effet peut-être plus vrai encore dans