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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Depuis quinze jours, nous respirons mieux. Nous avons un poids de moins sur la poitrine; et tout autour de nous, de l’horizon, plus proche et plus familier, de la Somme ou de Verdun aux plus lointaines extrémités du champ de bataille presque universel, — laissons-leur pour compte leur « mondial ! » — l’atmosphère s’est éclaircie ; l’offensive russe, la contre-offensive italienne, l’offensive franco-anglaise, l’ont traversée comme autant de rayons : il est monté de la confiance et de la sérénité en nous, à mesure qu’il passait dans l’air de l’action combinée, coordonnée et conduite. L’œuvre, ébauchée l’autre quinzaine, s’est développée au cours de celle-ci, en des proportions de plus en plus vastes et dans des conditions de plus en plus favorables. Sur la Somme, nous avançons, au Nord et au Sud de la rivière. L’armée britannique, consolidant ses gains et doublant les étapes, aligne son front, multiplie ses coups de main, étend ses prises. Là-bas, dans l’Est, Kouropatkine s’empare de trois lignes de tranchées allemandes, à la barbe de l’ogre Hindenburg à qui l’on a ôté, pour en faire présent au Kronprinz, ses bottes de sept lieues, l’élite de ses troupes inutilement sacrifiées. Linsingen est battu; Bothmer l’a été et va l’être ; si l’armée de Pflanzer ne l’est plus, c’est qu’elle n’est plus une armée, et que Pflanzer ne commande plus. Le prince Léopold de Bavière et les archiducs autrichiens sont rentrés dans le silence, qu’aiment les princes aux heures d’infortune. Où est le maréchal Mackensen, cet homme-volant qu’on signalait partout dans le même moment ? N’est-ce pas lui qui, sous le nom de ses lieutenans, vient de se faire déconfire, et dont on tâche de sauver le prestige en le cachant ? L’armée du Caucase, vigoureusement poussée par le grand-duc Nicolas, continue sa marche en Asie Mineure. Par Baïbourt et Gumuch-Hané, entre Erzeroum et Trébizonde, elle tient la seule bonne route qui rattache la Turquie d’Europe à la Perse et aux régions d’où elle tire