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REVUES ÉTRANGÈRES

LA GRANDE RETRAITE RUSSE DE 1915
RACONTÉE PAR UN TÉMOIN ANGLAIS


On the Russian Front, par R. Scotland Liddell, un vol. 8°, illustré. Londres. librairie Simpkin, 1916.


M. Scotland Liddell est un journaliste anglais qui, au printemps de 1915, après avoir assisté à la chute d’Anvers, — et sans doute poussé surtout par la curiosité de « voir du pays, » — s’en est allé en Russie avec une lettre de recommandation pour Son Excellence Alexandre Goutchkoff, directeur du service impérial de la Croix-Rouge sur tout le « front » de Pologne. Dès le milieu de mai, M. Liddell s’est trouvé attaché, en qualité d’infirmier, à une grande ambulance occupant une demi-douzaine de tentes, dans une sauvage et magnifique forêt voisine de la ville de Staro-Radzrwillow, mais plus voisine encore de la « ligne de feu. » D’heure en heure, un petit tramway amenait à l’ambulance des blessés, russes ou allemands, qu’un groupe nombreux d’infirmières de la Croix-Rouge, — ou, comme on dit là-bas, de « sœurs » volontaires, — soignaient avec une sollicitude et une efficacité merveilleuses. Mais les véritables « impressions de guerre » de l’écrivain anglais n’ont commencé qu’environ deux semaines plus tard, le matin du 31 mai, après une terrible canonnade allemande qui l’avait tenu éveillé durant toute la nuit. C’était la première fois que l’ennemi s’essayait, sur le « front » russe, à lancer des obus pleins de gaz asphyxians.


Une aube grise se leva, dont la faible lueur nous permit d’apercevoir un wagon s’avançant lentement vers nous, sur les rails du tramway. Il y avait là six soldats qui, la tête penchée en dehors du wagon, s’efforçaient