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LA GUERRE
VUE PAR
LES COMBATTANS ALLEMANDS

I
LES ILLUSIONS DU DÉBUT

Quelques semaines après son arrivée à Constantinople, le vieux feld-maréchal von der Goltz, sollicité par un journaliste de lui faire connaître son impression dominante sur les événemens du jour, se déclarait surtout frappé de l’universelle animosité qu’il voyait de tous côtés monter autour de son pays, et qui apparaissait à ses yeux comme une inexplicable « énigme psychologique. » Les causes n’en sont pourtant que trop claires, et, si la guerre actuelle comporte une énigme, il faut la chercher, non dans les sentimens qu’inspirent les Allemands, mais dans ceux qu’ils éprouvent eux-mêmes. Nous avons peine à nous représenter l’esprit de leurs troupes, les raisons et le degré de sincérité de leur confiance en eux-mêmes, leurs impressions sur les opérations, l’opinion qu’ils ont de leurs adversaires, les progrès de leur usure morale et matérielle. La publication de nombreux souvenirs militaires anglais ou français a permis de répondre à des questions analogues pour les principales armées