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Ainsi, quel que soit le genre de pêche qu’on envisage : grande pêche, pêche hauturière, pêche au hareng, à la sardine, au thon, petite pêche côtière ou pêche à pied, on doit reconnaître que, sans être absolument normal, l’exercice de cette industrie s’est développé pendant la guerre de la façon la plus satisfaisante. Ce n’est pas faute cependant d’avoir rencontré des entraves de toutes sortes.

Tout d’abord, le commerce du poisson a été paralysé par la suppression des transports privés, durant la période de mobilisation. C’est ainsi que les arrivages aux Halles de Paris sont tombés brusquement de 2 400 000 kilos en juillet 1914, à 1 154 000 kilos en août 1914. A l’heure actuelle, l’expédition de la marée vers les marchés de l’intérieur s’accomplit, il est vrai, dans des conditions plus difficiles qu’en temps de paix, mais avec une régularité très suffisante. Si l’on excepte en effet les ports de l’embouchure de la Loire, les ports méditerranéens qui, par suite de leur éloignement, se trouvent placés dans des conditions très spéciales, et quelques ports de Bretagne, mal desservis par suite de leur situation géographique, on constate que les expéditions par voie ferrée s’effectuent à peu près régulièrement, tant au point de vue des délais de transport que sous le rapport de la température extérieure.

La pénurie de marins a jeté, au contraire, un trouble profond dans l’organisation des pêches maritimes. L’état-major général a cependant procédé avec une extrême prudence à la mobilisation des inscrits. Seuls, les hommes âgés de moins de trente ans ont été atteints par la levée, lors de la déclaration de guerre, ce qui permettait de maintenir armés presque tous les bâtimens de pêche. Plus tard, le 29 octobre 1914, le ministre de la Marine appelait sous les drapeaux tous les inscrits inactifs, mais il avait soin de spécifier que cet ordre ne concernait pas les pêcheurs exerçant une navigation utile au pays. De ce fait, les sardiniers et les harenguiers purent continuer leur métier sans être inquiétés. Ce n’est que le 22 décembre 1914 qu’une circulaire de la rue Royale prescrivit la mobilisation de tous les pêcheurs âgés de moins de quarante-cinq ans. Nul ne saurait admettre, en effet, que la profession de pêcheur puisse dispenser un citoyen français d’accomplir