Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 36.djvu/255

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cependant, le gros du 20e corps s’était établi au Sud de la Meurthe sur les hauteurs de Ville-en-Vernois-Manoncourt et la croupe Est de Rosières. L’intention du général de Castelnau, préparant avec un soin minutieux la défense de la trouée de Charmes, est de relier le Rembétant, c’est-à-dire l’acropole Sud du Grand-Couronné, aux hauteurs de Saffais (367 mètres) et de Belchamps (413 mètres) qui commandent à la fois la plaine de la Meurthe et de la Mortagne au Nord et protègent la trouée de la Moselle au Sud. Le général prescrit, sur ces positions, des travaux de fortification passagère ; malheureusement, la troupe ne comprend pas encore toute leur importance et ne s’y applique pas. Le corps de cavalerie reste immobile en amont de Moncel-Lunéville.

Ces mesures, ramenant légèrement les troupes en arrière, laissent à l’ennemi le champ libre pour s’enfoncer vers la Mortagne, au Sud de Lunéville. En effet, si le 15e corps n’avait pu attendre le choc au Nord de Lunéville, le 10e corps, attaqué à 8 h. 30 du matin, sur la position Crion-Sionviller, avait été forcé à la retraite. L’avant-garde du XXIe corps allemand avait commencé vigoureusement l’attaque, bientôt soutenue par toutes les forces disponibles débouchant de Valhey et atteignant Einville. Vers midi, alors que Maixe commençait à brûler, la lutte était devenue très violente ; l’artillerie fait des ravages dans l’infanterie française qui s’accroche au terrain. L’ennemi est contenu à gauche sur la côte qui protège au Nord Jolivet. Mais, sur la droite, vers 15 heures, la 31e division (16e corps) commençait à plier.

Les crêtes de la rive droite de la Vezouse avaient offert, d’abord, un point d’appui. Deux groupes d’artillerie de campagne, établis là par la prévoyance du commandement, canonnent l’ennemi. Une contre-attaque sur Croismare dégage la 31e division. Pourtant, elle doit céder ; elle passe la Vezouse et la Meurthe à Lunéville et vient se reformer à Xermaménil. Lunéville est découvert. L’artillerie allemande vient se poster sur les hauteurs qui dominent Chanteheux et, de là, elle jette quelques obus. Lunéville est ouverte et sans défense ; les premières patrouilles allemandes y pénètrent sans rencontrer la moindre résistance. C’est seulement le lendemain 23, dimanche, à 2 heures de l’après-midi, que les troupes du XXIe corps défilèrent dans les rues, musique en tête.