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des Vosges et cherchera à déborder, le 25, les troupes qui, au Sud, tiennent toujours l’Alsace jusqu’aux faubourgs mêmes de Colmar. Il vise aussi la trouée de Charmes, mais par Saint-Dié et Epinal. La 142e brigade est ainsi obligée d’évacuer le village et le col du Bonhomme et de se replier à Fraize, sur la Haute-Meurthe. Nous verrons, les jours suivans, les groupes alpins se conformer à ce mouvement de retraite sur la frontière, afin d’établir définitivement la continuité du long barrage de la Meurthe.

Comme il importe d’interdire à l’ennemi la route d’Epinal, non seulement les groupes alpins la protégeront, mais la 71e division de réserve, réserve mobile de la place, qui en était sortie pour garder les cols des Vosges et venait de perdre le col de Sainte-Marie, recevait, le 24 août, l’ordre du général Dubail de se replier sur la place elle-même. La 58e division de réserve gardait la rive droite de la Meurthe au Sud de Saint-Dié. Le haut commandement met à la disposition de la 1re armée la 44e division venue de l’armée d’Alsace. Déjà les débarquemens de cette unité s’achèvent, -le 24 août, vers Saint-Dié et vers Bruyères.


A la gauche de ces masses françaises (21e et 14e corps, 58e et 71e divisions de réserve, groupement alpin, 44e division), qui défendent au Nord, à l’Est et au Sud l’accès de la région de Saint-Dié, d’où l’ennemi, par la vallée de la Vologne, pourrait tenter de tourner Epinal, il y a, sur le front des 13e et 8e corps, une zone de manœuvre que le haut commandement s’est habilement ménagée et où il espère bien que l’ennemi, alléché par les succès de Sarrebourg et de Morhange, viendra se faire prendre. C’est dans ce dessein, qu’à gauche du 21e corps, le 13e corps (24 août vers midi) s’est calé sur sa droite vers les hauteurs de Ménarmont, au Nord de ses cantonnemens de la nuit ; ainsi posté, il soulage déjà la droite de la 2e armée, fortement attaquée depuis dix heures du matin par l’ennemi, de Mont-sur-Meurthe à Gerbéviller. Le 13e corps tient, pour ainsi dire, le goulot de l’entonnoir, assurant avec le 21e corps la possession de la ligne de crêtes qui, de Vallois à Etival, court parallèlement à la Meurthe et en commande les passages.

Le 8e corps prolonge vers l’Ouest, au-delà de la Mortagne, la solidité de cette ligne qui occupe les hauteurs. Un ordre du