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vigoureuse sur les hauteurs du Grand-Couronné et sur les positions occupées par le 15e et le 16e corps. Les troupes ont pour devoir strict de sauver Nancy, au cas où l’ennemi serait décidé à attaquer la ville. Mais ce n’est qu’une partie de la tâche qui leur est assignée. Si on les attaque, il faut qu’elles soient en mesure de contre-attaquer : c’est dans cette vue qu’un fort groupement, une masse de manœuvre, est constituée dans la région de Lenoncourt, à 8 kilomètres à l’Est de Nancy : le 20e corps, aidé de toutes les troupes que laisse disponibles la défense du Grand-Couronné, sera prêt à se porter en avant au premier signal. Les trois divisions de cavalerie (2e, 6eet 10e divisions) sont portées en masse sur la droite de l’armée pour l’appuyer et la couvrir. Elles ont pour mission d’interdire à l’ennemi de franchir les hauteurs de la Naguée, sur la rive gauche de la Mortagne, et se trouvent ainsi placées face à l’effort de l’ennemi qui a concentré à Lunéville 3 brigades d’infanterie, 3 régimens d’artillerie, et un régiment de uhlans.

Comme nous l’avons dit, le général Dubail a mis le 8e corps à la disposition de la 2e armée. Celle-ci est donc renforcée, sur sa droite, de cet excellent appoint qui couvre les divisions de réserve installées en travers de la trouée de Charmes. Ces dispositions prises, on attend.

Mais, voici du nouveau.

Tandis que la 1re armée recevait, comme nous l’avons dit, le choc de l’ennemi sur la Meurthe, depuis Lunéville jusqu’à Raon-I’Etape, une reconnaissance d’avions signale à la 2e armée la marche d’une forte colonne ennemie quittant Lunéville et traversant la forêt de Vitrimont (ferme de la Faisanderie). L’ennemi ne se porterait donc pas vers Nancy ? Il filerait vers le Sud… En effet, une heure plus tard, on apprend que les avant-postes de la 64e division de réserve (mise à la disposition du 15e corps) sont attaqués et repoussés à Damelevières, au passage de la Meurthe. Les Allemands s’emparent de Damelevières et s’y retranchent. Tous les renseignemens concordent : des forces allemandes, évaluées à deux corps d’armée, au moins, défilent du Nord au Sud et s’engouffrent en suivant cette troupe. Plus d’hésitation possible : l’armée allemande, laissant de côté la ville, se précipite en masse vers le Sud-Ouest ; la route qu’elle suit indique son objectif : c’est Rozelieures et la trouée de Charmes.