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de son absence et, si elle se prolonge, je n’aurai plus de courage pour le supporter. Je compte sur les heureuses nouvelles de Milan pour me donner un peu de bonheur. Embrasse bien tendrement pour moi ta femme et aime toujours, mon cher fils, la plus tendre des mères.

« JOSEPHINE. »


Enfin, Auguste accouche le 14 mars 1807, avec sept ou huit mois de retard. Et, aussitôt la nouvelle reçue de l’envoyé spécial, M. Charles Bentivoglio, chambellan de S. M. l’impératrice reine d’Italie, chevalier de la Couronne de Fer, grand cordon du Lion de Bavière, l’Impératrice écrit :


Paris, le 21 mars (1807).

« Je te félicite de tout mon cœur, mon cher Eugène. Je suis enchantée d’avoir une petite-fille. Cette heureuse nouvelle m’a été apportée hier par M. Bentivoglio. J’en avais besoin, car, depuis quelques jours, j’étais un peu indisposée. Je sais que ma chère Auguste a beaucoup souffert et je devine combien chaque instant t’aura paru pénible, mais, à présent, il ne faut plus que de la prudence et je lui écris pour lui recommander de suivre scrupuleusement les avis de Mme Frangeau. Je viens de recevoir une lettre de l’Empereur en date du 10. Sa santé est parfaite et ses affaires vont très bien. Je lui ai écrit hier et l’ai prié de le faire connaître ses intentions pour le baptême de ton enfant. Je t’engage à ne rien faire avant d’avoir reçu sa décision. Sois tranquille sur ce que tu me mandes au sujet de M. Bentivoglio. Adieu, mon cher Eugène, tu sais avec quelle tendresse je t’aime et t’embrasse.

« JOSEPHINE. »


Selon l’habitude qu’elle a prise, Joséphine vient passer les derniers jours de mars à Malmaison où les princesses Caroline et Pauline imaginent de lui donner une fête dont le principal intérêt est une pièce : L’Impromptu de Neuilly[1]à laquelle Joséphine fait allusion dans sa lettre du 2 avril.

  1. Voyez ma conférence, Journal de l’Université des Annales. Apnée 1913-1914, t. II, n° 24.